Haïti - Misère et Espoirpar Mme Doris Charollais
Mme Doris Charollais nous présente son regard sur un pays qu’elle connaît bien, puisqu’elle y a travaillé depuis de nombreuses années dans le cadre de Terre des Hommes Suisse. Elle nous donne d’abord quelques informations sur la géographie et l’histoire de cette île, découverte par Christophe Colomb en 1492 et baptisée Hispaniola. Habitée par les Indiens Arawaks, elle sera bientôt peuplée par les esclaves envoyés d’Afrique. Mais en 1801, un esclave affranchi, Toussaint Louverture va libérer les autres esclaves, créant ainsi le premier pays du monde gouverné par des esclaves affranchis. Mais les Français ne peuvent supporter ce mouvement et ils arrêtent Toussaint Louverture une année plus tard à peine ; ils l’emmènent en France et l’emprisonnent au Fort de Joux, dans le Jura. A peine 5 mois plus tard, le pauvre Toussaint mourra de pleurésie dans son cachot glacial où il était maintenu au secret avec son domestique.
Contrastes: côtes magnifiques et habitat précaire
Les montagnes sont pelées
Le bidonville de Cité Soleil
La 1ère république noire de 1804 a depuis vécu des heures nettement plus sombres avec les Duvalier père et fils et avec les espoirs déçus par le père Aristide. C’est une terre de contraste, avec de magnifiques côtes, mais dont les montagnes ont été pelées par la coupe incontrôlée du bois pour la construction et le chauffage. Les cyclones sont très fréquents sur l’île et font des dégâts énormes dans les quartiers de bidonvilles où s’entassent des milliers de personnes. En 50 ans (de 1959 à 2009), la population a passé de 3.2 millions à plus de 9 millions d’habitants, l’espérance de vie est très basse (59 ans pour les hommes, 62 ans pour les femmes), reflétant ainsi les conditions misérables dans lesquelles les habitants doivent vivre. La capitale, Port-au-Prince, est une gigantesque concentration de plus d’un million de personnes, dont 200'000 s’entassent notamment dans le bidonville de Cité Soleil. L’agriculture occupe 60% de la population mais peine à nourrir plus de 70% de la population. Les exportations (café, coton, sisal, textile) sont entre les mains de grandes compagnies étrangères ou d’une oligarchie locale. Autre exemple de l’exploitation de la population : les « restaveks » (qui reste avec), de très jeunes enfants que leurs parents n’arrivent pas à nourrir et qu’ils confient comme domestiques dans des familles. Evidemment l’école n’est pas au programme pour eux…
Une très jeune "restavek"
L'effet dévastateur du séisme du 12 janvier 2010
Une "maison-tonnelle" construite par Terre des Hommes Suisse
L’une des tâches que s’est fixée Terre des Hommes Suisse est de procurer à quelques-uns de ces 250'000 petits domestiques des conditions d’existence plus normales en les accueillants dans une maison où l’on s’occupe d’eux et où ils recevront une formation professionnelle. Mais le 12 janvier 2010, le terrible tremblement de terre vient mettre a sérieux coup d’arrêt à ces efforts, comme pour l’ensemble de la population. Les dégâts sont gigantesques, les morts innombrables, la maigre d’économie est détruite, la misère n’en est que plus profonde. Les familles se réfugient sous des tentes souvent improvisées. L’insécurité règne dans nombre de ces campements de fortune. Mais grâce à l’action sur place de Terre des Hommes Suisse, 1500 enfants reçoivent chaque jour un repas et surtout trouvent un cadre sécurisant qui leur permet d’oublier un peu, si cela est possible, les terribles effets du séisme. Des maisons-tonnelles ont été construites et permettent de fournir notamment des cours et des activités qui rendent un peu le sourire à ces enfants tellement défavorisés.
Un bel exemple des peintures naïves haïtiennes