par Françoise Malleroff
Le « Corps Suisse en Cas de Catastrophe » avait envoyé en automne 1974 des volontaires au Tchad et au Nord Cameroun pour effectuer certains travaux de construction. Mon ami Jacques, à l’époque volontaire, avait donc séjourné quelques semaines à Petté dans un hôpital de brousse dirigé par une Vaudoise, la Doctoresse Anne-Marie Schönenberger. L’hôpital possédait une Land-Rover 4x4 qui nécessitait de sérieuses réparations et Anne-Marie l’avait amenée en Suisse, déposée chez un garagiste pour une complète révision et cherchait un ami, un peu aventureux, pour descendre le véhicule en Afrique en traversant le Sahara. Jacques accepta immédiatement la proposition de cette traversée, et ce fut lui qui organisa le voyage. Quant à moi, j’étais assez hésitante pensant à certaines difficultés d’un quotidien au désert. Mais j’ai accepté ! Anne-Marie souhaitait que trois médecins-amis, anciens bénévoles de l’Hôpital de Petté, nous accompagnent. Il s’agissait de Götz et Hans-Peter, tous deux de Hambourg, respectivement chirurgien maxillo-facial et dentiste, et Dieter, habitant Berlin, ophtalmologue. ( -- Les textes en italique sont de Françoise Malleroff -- ).
Embarquement à Marseille
La Grande Poste d'Alger
Premier janvier 1977, parking de l'hôtel à Sidi Ferrouch, à une trentaine de kilomètres d'Alger. Chargement des bagages et préparation au départ
Parcours de la première semaine, d'Alger aux gorges de l'Arak
Aux portes du Sahara
Une
bonne route asphaltée de 200 kms environ nous conduits à Ghardaïa, capitale de
la Vallée du Mzab. Cette vallée fait
partie du patrimoine de l’Unesco depuis 1982.
Elle est principalement habitée par les Berbères (Mozabites).
Ghardaïa au centre, à gauche Melika, à droite Benisguen
Marché de Ghardaïa
Grand'place de Ghardaïa
Un Bédouin sorti de nulle part vient observer un changement de roue après crevaison
La route goudronnée fait place au sable, on est averti
El Goléa - les panneaux signalant les trois routes principales qui s'y rejoignent
El Goléa - le tombeau du Père Charles de Foucauld
Il est né à Strasbourg en 1858 et fut lâchement assassiné à Tamanrasset le 1er déc 1916 par des insurgés tripolitains (en guerre avec la France). Sa tombe est placée sous la garde vigilante des Pères Blancs.
El Goléa - le marché
Palmerai d'El Goléa
Le plein d'essence avant de repartir
Avant
de reprendre la route, le plein d’essence est impératif. Notre véhicule possède 2 réservoirs. La consommation est d’environ 35
lit/100kms si le « tout-terrain » est enclenché, autrement, 15
litres/100 kms. Chaque fois que nous
passons à proximité d’une colonne d’essence, nous nous approvisionnons
Bivouac
Petit déjeuner
Tous les 100 kms environ, on lit sur notre carte Michelin « eau potable salée à 12m » ou « eau bonne guelta ». Sur le terrain, une flèche complète l’info. Il nous est arrivé d’avoir recours à ces puits.
In Salah est une oasis située au centre du Sahara et précède les Gorges de l’Arak dont nous appréhendons un peu le passage. N’avons-nous pas raison ?
Avant d'entrer dans les Gorges de l'Arak
A la sortie des gorges, la route reprend une physionomie plus sympathique (enfin façon de parler) et nous roulons à nouveau sur de la tôle ondulée.
Après la tôle ondulée, il faut revoir la fixation des bagages sur le toit
Plaine désertique
Vérifications et service technique
Des gorges de l'Arak à Agadez
Rue principale de Tamanrasset, après 2060 km de route depuis Alger
Au marché aux chameaux de Tamanrasset
La route vers le plateau de l'Assekrem
Rencontre sur la route
La femme du chamelier
En montant à pied vers l'ermitage du Père de Foucauld
Assekrem. La maison de pèierre qui sert de chapelle
Cette fois on roule sur une piste complètement déserte, en tous cas comme je me les imaginais, aucune indication routière, des carcasses de camions et de voitures sur les côtés. Aucun véhicule roulant en sens inverse. Le désert !
Tassili du Hoggar, à 200 km au sud de Tamanrasset
Pas d'indications routières, mais c'est bien la bonne direction vers In Gezzam, la frontière avec le Niger
Mirage
Le parcours au Niger
Les promeneurs du désert
Teguidam Tessoum - Eau potable à 10 mètres, selon la carte Michelin
Mosquée d'Agadez
Agadez est la plus importante ville du Nord du Niger, située entre le Sahara et le Sahel. Sa région repose sur le massif de l’Aïr à l’Ouest dont un sommet culmine à plus de 2000m et le désert du Ténéré à l’Est. Au Ténéré il existait un arbre, dernier survivant d’un groupe d’acacias qui avait poussé dans le désert. Ses racines atteignaient la nappe phréatique située à plus de 30 m en-dessous de la surface. Il faisait office de repère pour les caravanes. En 1973 l’arbre est renversé par un camionneur libyen … l’arbre mort est au Musée à Niamey et remplacé dans le désert par une sculpture.
La mosquée fut construite au 18e en terre sèche quand la ville était à son apogée. Son minaret pyramidal, hérissé de 13 rangées de pieux renforçant la fragilité de la construction. Ces pieux servent aussi d’échafaudage. Les maisons de la petite ville sont fort bien bâties et ceintes de murailles
Marché d'Agadez
La dernière partie du parcours, du Niger au Nigéria et au Cameroun
Quelle route ?
Couple Peuhl à In Gall
Les Peuhls sont en majorité de simples éleveurs ou gardiens de bétail, dont ils ne sont souvent même pas propriétaires. Ils sont depuis toujours la cible des différents régimes qui se succèdent et qui les accusent d’être à la solde du précédent.
Couple Haoussa à In Waggeur
Caravanes de sel venant du Ténéré (oasis Bilma), direction Tahoua
Curieux au bord de la piste
Garage à la frontière Niger - Nigéria, près de Kano
Camion-marché à Maiduguri (un epu comme les camions Migros...)
Maiduguri - femmes à leur popotte. Cette ville est aujourd'hui fréquemment visitée par les membres de la secte islamiste Boko Haram qui sévissent dans cette partie du Nigéria
Dernier jour de voyage: de la frontière nigériane à Petté au Nord-Cameroun. Récolte du coton.
Vaste troupeau dans la rue au Cameroun
Depuis le passage de la frontière camerounaise, je sentais que mes compagnons de voyage devenaient de plus en plus impatients et joyeux en reconnaissant les environs de l’hôpital et, quand nous sommes arrivés, la joie a éclaté. Nous étions attendus, Anne-Marie et son personnel nous ont fait la fête. Installation rapide dans des cases et repas pantagruélique avec moult bières pour les Allemands. Le séjour fut bref : Götz a tout de même eu le temps de donner quelques consultations et opérer. Jacques, avait des travaux de menuiserie qui l’attendaient. Dieter, Peter et moi sommes allés à Maroua, la petite ville à 20 kms. Comme je l’ai dit précédemment, je crois, l’hôpital est au milieu de la brousse et il n’y a pas âme qui vive à plusieurs kms à la ronde.
Hôpital de brousse de Petté. Consultation à la pouponnière
En attente de la consultation pour les femmes
Jeune mère camérounaise avec son bébé
Certains patients viennent de loin et ont passablement marché avant d’arriver à la consultation. Ils présentent leurs papiers dehors, dans la cour, mais sont auscultés à l’intérieur d’une case. Dans l’enceinte de l’hôpital, il y a 4-5 bâtiments d’un étage avec chacun quelques lits pour les opérés. Les familles s’occupent de nourrir le malade et les infirmiers prodiguent les soins. Le coût des interventions est bas, sinon existant suivant les moyens du malade.
Méchoui à l'hôpital de Petté en notre honneur
Le matin de notre départ, le chauffeur de l’hôpital a pris le volant pour nous conduire avec « notre Landrover », qui n’est plus la nôtre, jusqu’au fleuve Logone (frontière entre Caméroun et Tchad) que nous traversons en ferry.
On était averti, N’Djamena était occupée et surveillée par les militaires. On est donc accueilli par des soldats armés qui nous escortent jusqu’à l’hôtel et, à l’hôtel, on est prié de rester à l’intérieur. Interdiction aux étrangers de sortir en ville. On est en pleine affaire Claustre, la triste histoire de cette ethnologue française, enlevée au Tibesti par les rebelles d’Hissène Habré et qui fait l’objet de grandes discussions politiques entre la France et le Tchad.
( -- Les textes en italique sont de Françoise Malleroff -- )