Art et lumière en Franche-Comté
Par Mme Lucienne MONNEY
Notre-Dame du Haut, Ronchamp
Fresque de Le Corbusier, entrée de Ronchamp
Eglise du Sacré-Coeur d'Audincourt
Audincourt, vitraux de Jean Bazaine dans le baptistère
Les Bréseux, église St-Michel
Les Bréseux, vitraux d'Alfred Manessier
Le voyage organisé en mai 2007 par la section artistique d’Uni3 a été l’occasion de découvrir, en deux jours, trois sites religieux de Franche-Comté, dans la région de Belfort et Montbéliard, qui se distinguent par leur architecture et des vitraux exceptionnels.
Ronchamp tout d’abord, avec sa Chapelle de Notre-Dame du Haut construite par Le Corbusier en 1955, sur les ruines d’une ancienne chapelle détruite pendant la guerre. C’est une des premières fois que le béton est traité comme une matière artistique, avec ces grandes voiles sombres sur un socle blanc. Intimiste à l’intérieur, la chapelle est trop petite pour accueillir les grands rassemblements de pèlerins du 15 août, qui ont lieu sur le pré face à la chapelle. A remarquer : la fresque de Le Corbusier sur la porte d’entrée.
L’église du Sacré-Cœur d’Audincourt date de 1951 et est l’oeuvre de l’architecte Maurice Novarina (qui construisit aussi la chapelle du Plateau d’Assy). Elle se distingue par un remarquable baptistère orné de vitraux de Jean Bazaine, et d’une couronne de 17 vitraux de Fernand Léger qui s’étendent tout autour de la nef principale. La force expressive est donnée par le choix des couleurs puissantes et les motifs symboliques représentant la Passion du Christ.
L’église St-Michel, aux Bréseux est une église de village apparemment sans grand intérêt, vue de loin. Mais quand on y entre, on est immédiatement subjugué par la beauté des grands vitraux d’Alfred Manessier, réalisés juste après la guerre entre 1948 et 1950. D’une hauteur d’au moins 6 mètres, ils frappent par la vibration des couleurs, mêlées dans de grands élans lyriques non figuratifs. Une vraie splendeur !
Cette pérégrination franc-comtoise a permis de mettre en évidence la formidable vitalité artistique d’une région dans une période bien précise : la décennie qui suivit la fin de la 2ème guerre mondiale, où des artistes de grands renom ont pu s’exprimer en toute liberté, soutenus dans leur élan créateur par une population qui voulait à nouveau voir au-delà de la grisaille de cette période. De l’autre côté de la frontière, dans le Jura suisse, on a assisté à un renouveau artistique similaire, avec la création de très nombreux vitraux dans plusieurs églises.
L’empereur Frédéric II et Castel del Monte
Par M. Attilio Barenco
L'empereur Frédéric II de Hohenstaufen
Castel del Monte
La situation isolée de Castel del Monte
La cour octogonale
La structure octogonale de l'édifice
La présentation de M. Barenco illustre parfaitement le genre de réflexion que suscitent parfois des visites apparemment anodines, pendant des vacances. Castel del Monte est situé dans les Pouilles, en Italie, où l’auteur passait quelques jours de vacances en 2003. Peu attiré par la plage, il s’est rendu à Castel del Monte, un étrange château isolé sur une colline à quelque 25 km de la mer. Quelques années plus tard, encore hanté par la vision de cette œuvre si particulière, il a entrepris une étude plus approfondie tant sur le constructeur que sur le site lui-même.
Cette construction a été menée par Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250), empereur du Saint Empire Romain Germanique et pourtant roi de Sicile. Doué d’une très riche personnalité, il marqua son époque par ses travaux de législateur et de poète, et par sa participation aux Croisades. Bâtisseur et superstitieux, mais rationnel, il entreprend la construction de Castel del Monte sur la base de données symboliques que l’on retrouve dans de multiples aspects de l’édifice : utilisation du nombre d’or, du chiffre 8, de la position et de l’orientation du bâtiment, dont on ne sut jamais s’il fut un vrai château de cour, un pavillon de chasse, ou une sorte de temple. Sur un plan octogonal, il comporte huit tours octogonales, et la position et la hauteur des murs ont été calculées pour permettre le passage du soleil à des points précis de l’édifice à des moments précis de l’année (solstices).
L’allure du bâtiment et sa situation isolée au sommet d’une petite colline, au milieu de nulle part, sont impressionnantes. La mise en évidence des concepts symboliques qui guidèrent la construction l’est tout autant. On a toujours de la peine aujourd’hui, dans notre siècle de haute technologie, à imaginer une période du Moyen Age où l’intelligence de quelques-uns, véritable élite parmi une population encore assez fruste, permet de construire des édifices de ce type, qui rivalisent aisément en terme de complexité avec les grandes cathédrales.
Les démonstrations apportées par M.Barenco ont été une vraie joie pour l’esprit !
Castel del Monte figure aujourd’hui dans la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.
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