jeudi 31 mai 2012

Séance du 8 mai 2012


L’Inde du Sud-ouest
Par Heinz Widmer

Pour faire suite à la présentation de 2011 qu’il n’avait pas eu le temps de terminer, Heinz Widmer nous entraîne à nouveau sur les routes de l’Inde du Sud-ouest, sélectionnant cette fois-ci des photos concernant les enfants et les adolescents, la religion, les temples, les métiers, la mendicité, la maladie, les animaux et les marchés. Une sélection rigoureuse, qui veut essayer de faire partager une véritable passion pour l’Inde immense et diverse. Tout au long de cet immense parcours à travers quatre états : le Maharashtra, le Karnataka, le Tamil Nadu et le Kerala, on découvre avant tout les gens. Au travers des portraits ou des activités, c’est bien l’humain dans toute sa diversité qui passionne l’auteur. Instants fugitifs (d’où un léger trouble de l’image parfois) ou au contraire portraits consentis, avec des hommes, des femmes ou des enfants qui affrontent le mystère de l’objectif avec une belle sérénité, - on s’approche toujours un peu plus d’une certaine vérité. Ces gens sont beaux parce qu’ils sont vrais, ils ne se cachent pas, ils ne cherchent pas à montrer une fausse image d’eux-mêmes, aussi modeste que soit leur position ou leur activité. Ce choix d’images montre aussi clairement l’intérêt particulier de l’auteur pour les gens plutôt que pour les lieux. Une chance pour lui que les Indiens soient aussi conciliants vis-à-vis de l’étranger qui prend plaisir à les  photographier.
Outre les gens, il y eut aussi de belles vues sur les temples, les religions, les activités artistiques, les métiers. Notamment deux très étonnants petits films montrent un boulanger fabriquant et lançant des petits pains à toute vitesse, et un porteur de briques les empilant sur sa tête avec une habileté incroyable. Les petits commerçants font l’objet de portraits particulièrement soignés, chacun exprimant une forme de relation de connivence entre le photographe et son modèle. Certains petits métiers sont tout à fait inhabituels pour nous, comme le nettoyage des oreilles, ou la garde des chaussures à l’entrée du temple.
Parmi les activités artistiques typiques, il faut mentionner la danse Kathakali, combinaison spectaculaire de drame, de danse, de musique et de rituel. Les personnages, aux maquillages élaborés et aux costumes raffinés, reconstituent des épisodes tirés des épopées hindoues, le Mahâbhârata, le Rāmāyana, et de la vie de Krishna.
Quelques photos des animaux rencontrés au cours du voyage, soit le long des routes, soit dans des réserves naturelles, illustrent bien la diversité : oiseaux, éléphants (dont l’image est reprise dans la religion, comme avec le dieu Ganesh), chiens en abondance, buffles (dont le très dangereux buffle sauvage vu dans le parc de Kabini), vaches de la race brahmane, et même crocodiles.
La présentation se termine par des vues prises sur les marchés : stands en plein air où le vendeur arrange ses légumes avec minutie directement sur le sol, boutiques étonnante comme celle de ce vendeur de couleurs, avec ses récipients bien alignés de poudres aux tonalités étincelantes, échoppe de boulangerie, marchands de fleurs, de piments, vendeur de paniers… Tout est coloré, frémissant d’activité, inhabituel pour nos yeux d’occidentaux, et stimulant l’envie d’y aller voir de plus près pour saisir ce que la caméra ne peut montrer : les bruits et les odeurs.
La dernière image regroupe quelques hommes pieux, à la chevelure abondante, aux grandes barbes, aux taches de couleurs vives sur le visage, et aux yeux qui semblent vous transpercer, levant la main en un geste bienveillant…
Une approche très personnelle de l’Inde, avec la transmission d’une vraie émotion.

 La carte du parcours

 Devant le temple

 En prière devant Vishnu

 Le temple de Gol Gumbaz à Bijapur

 Danseur de Kathakali

  Mère et enfant

  Nettoyage des oreilles dans la rue

  Gardienne des chaussures devant le temple

 Antique charrue

  La cuisine en plein air

  Lavage des buffles

  Eléphant et Dieu Ganesh

  Sur le marché

 Le marchand de couleurs

  "God Bless You !"

mardi 1 mai 2012

Séance du 17 avril 2012


Le monde médiéval des Pyrénées orientales

Par Charly Meyer et René Zwahlen

Dans un voyage d’une quinzaine de jours en juin 2011, en minibus au départ de Genève, les deux présentateurs ont parcouru quelques-uns des sites les plus représentatifs de l’art médiéval à cheval sur les Pyrénées orientales, en France (Roussillon) et en Espagne (Catalogne). Au Xème siècle, cette région n’est encore que catalane, la frontière actuelle n’existe pas. Les constructions sont d’inspiration romane et, dès que l’on se trouve sur le versant sud des Pyrénées, avec de fortes influences arabes (style mozarabe). Les églises, parfois fortifiées, sont construites sur des emplacements élevés, avec des moyens primitifs, d’une architecture très simple qui aujourd’hui nous les font paraître d’une grande beauté. A Narbonne, la cathédrale du XIIIe s. est influencée par l’architecture nordique, avec ses piliers de plus de 40 m. Mais dès que l’on s’enfonce dans les terres et les vallées, le style roman plus ancien domine, comme à Saint Martin du Canigou ou à Saint Michel de Cuxa, avec leur forte tour carrée au sommet crénelé. Plus haut dans la montagne, la forteresse de Mont-Louis, édifiée par Vauban en XVIIe s., représente l’un des très beaux exemples de cette architecture militaire dont Vauban a doté la France entière pour le bénéfice de son souverain Louis XIV. De là, il faut passer la frontière et atteindre Puigcerda, l’une des quelques portes d’entrée naturelles à travers les Pyrénées, jolie ville ancienne qui a conservé tout son charme. Plus loin dans la vallée, à La Seu d’Urgell, on découvre une remarquable église du XIIe s. de pur style catalan mais avec néanmoins quelques influences lombardes, comme les bandes colorées sur la tour. Les chapiteaux de ces églises racontent tous une histoire, c’est le moyen de l’époque de transmettre aux fidèles les récits bibliques. Des adjonctions plus tardives (autels baroques, sculptures) transforment ces églises au cours des siècles, mais la plupart du temps ces mélanges sont parfaitement réussis.

A Lleida, la tour octogonale de la cathédrale du XIVe s. montre clairement comment s’est étendue l’influence gothique. Les arcs brisés du cloître accompagnent cette mutation. La « reconquista » (reconquête des territoires musulmans de la péninsule ibérique par les rois chrétiens, entre 718 et 1492) impose un renforcement des établissements chrétiens en terres ibériques. Les monastères sont souvent couplés avec des enceintes fortifiées, comme par exemple à Alquezar, qui est miraculeusement resté intact depuis le moyen-âge : église fortifiée dominant un bourg médiéval, ou encore le monastère du Monte Aragon, dont une partie est malheureusement détruite mais reste néanmoins imposante.

A Huesca, la cathédrale achevée en 1515 présente un curieux auvent de type aragonais sur une façade de style gothique lévantin. Le rétable en albâtre sculpté est l’œuvre de Daniel Forment, un artiste de Valence du XVIe s. dont les réalisations exubérantes se retrouvent dans plusieurs églises de la région. Au nord de Huesca, hors des grands axes d’aujourd’hui, se dresse le Castello de Loarre : ancien monastère augustinien, ancien palais royal, il établit une avancée chrétienne en terres musulmanes dès le XIe s., imposante sur son éperon rocheux à plus de 1000 m d’altitude. A peu de distance, Agüero joue le même rôle d’avancée chrétienne, et la petite église de Santiago Agüero, de pur style roman, possède trois nefs et trois absides.
Saragosse, ancienne cité maure égale à Cordoue, est reconquise par Alphonse Ier, roi d’Aragon et de Navarre, qui établira des relations apaisées avec les musulmans, gardant notamment les maçons maures à l’origine du style mudéjar. La grande Plaza del Pilar est spectaculaire, avec l’église de Notre-Dame-du-Pilier, baroque, et le bâtiment de style renaissance de la Bourse. Le Palais Aljaferia, ancien palais des rois maures, est situé en dehors de ville, selon la tradition ommeyade. La décoration et le style des salles sont d’une grande beauté.

La route des découvertes se termine avec la visite du Monastère de Poblet, entre Saragosse et Barcelone. Abbaye cistercienne du XIIe s. parmi les plus grandes et les plus achevées, elle est résidence royale fortifiée et aussi le panthéon des rois d’Aragon. Elle est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1991. La fontaine de son cloître est particulièrement belle.


Saint-Martin du Canigou
Saint Michel de Cuxa
Forteresse de Mont-Louis

Seu de Urgell
Cathédrale de Lleida - La tour octogonale

Cloître de la cathédrale de Lleida

Alquezar


Eglise fortifiée d'Alquezar

Monastero de Monte Aragon


Cathédrale de Huesca

Castillo de Loarre

Saragosse - Plaza del Pilar

Saragosse - Palais Aljaferia

Saragosse - Palais Aljaferia

Monastère Santa Maria de Poblet

Poblet - Fontaine du cloître