L’Inde du
Sud-ouest
Par Heinz Widmer
Pour faire suite
à la présentation de 2011 qu’il n’avait pas eu le temps de terminer, Heinz
Widmer nous entraîne à nouveau sur les routes de l’Inde du Sud-ouest,
sélectionnant cette fois-ci des photos concernant les enfants et les
adolescents, la religion, les temples, les métiers, la mendicité, la maladie,
les animaux et les marchés. Une sélection rigoureuse, qui veut essayer de faire
partager une véritable passion pour l’Inde immense et diverse. Tout au long de
cet immense parcours à travers quatre états : le Maharashtra, le
Karnataka, le Tamil Nadu et le Kerala, on découvre avant tout les gens. Au
travers des portraits ou des activités, c’est bien l’humain dans toute sa
diversité qui passionne l’auteur. Instants fugitifs (d’où un léger trouble de
l’image parfois) ou au contraire portraits consentis, avec des hommes, des
femmes ou des enfants qui affrontent le mystère de l’objectif avec une belle
sérénité, - on s’approche toujours un peu plus d’une certaine vérité. Ces gens
sont beaux parce qu’ils sont vrais, ils ne se cachent pas, ils ne cherchent pas
à montrer une fausse image d’eux-mêmes, aussi modeste que soit leur position ou
leur activité. Ce choix d’images montre aussi clairement l’intérêt particulier
de l’auteur pour les gens plutôt que pour les lieux. Une chance pour lui que
les Indiens soient aussi conciliants vis-à-vis de l’étranger qui prend plaisir
à les photographier.
Outre les gens,
il y eut aussi de belles vues sur les temples, les religions, les activités
artistiques, les métiers. Notamment deux très étonnants petits films montrent
un boulanger fabriquant et lançant des petits pains à toute vitesse, et un
porteur de briques les empilant sur sa tête avec une habileté incroyable. Les
petits commerçants font l’objet de portraits particulièrement soignés, chacun
exprimant une forme de relation de connivence entre le photographe et son
modèle. Certains petits métiers sont tout à fait inhabituels pour nous, comme
le nettoyage des oreilles, ou la garde des chaussures à l’entrée du temple.
Parmi les
activités artistiques typiques, il faut mentionner la danse Kathakali, combinaison
spectaculaire de drame, de danse, de musique et de rituel. Les personnages, aux
maquillages élaborés et aux costumes raffinés, reconstituent des épisodes tirés
des épopées hindoues, le Mahâbhârata, le Rāmāyana, et de la vie de Krishna.
Quelques photos des
animaux rencontrés au cours du voyage, soit le long des routes, soit dans des
réserves naturelles, illustrent bien la diversité : oiseaux, éléphants
(dont l’image est reprise dans la religion, comme avec le dieu Ganesh), chiens
en abondance, buffles (dont le très dangereux buffle sauvage vu dans le parc de
Kabini), vaches de la race brahmane, et même crocodiles.
La présentation
se termine par des vues prises sur les marchés : stands en plein air où le
vendeur arrange ses légumes avec minutie directement sur le sol, boutiques
étonnante comme celle de ce vendeur de couleurs, avec ses récipients bien
alignés de poudres aux tonalités étincelantes, échoppe de boulangerie, marchands
de fleurs, de piments, vendeur de paniers… Tout est coloré, frémissant d’activité,
inhabituel pour nos yeux d’occidentaux, et stimulant l’envie d’y aller voir de plus
près pour saisir ce que la caméra ne peut montrer : les bruits et les
odeurs.
La dernière image
regroupe quelques hommes pieux, à la chevelure abondante, aux grandes barbes,
aux taches de couleurs vives sur le visage, et aux yeux qui semblent vous
transpercer, levant la main en un geste bienveillant…
Une approche très
personnelle de l’Inde, avec la transmission d’une vraie émotion.