mercredi 15 janvier 2014

Séance du 12 novembre 2013

Quelques voyageurs
Par Jean-Marc Meyer

Abandonnant pour une fois la classique présentation d’un propre voyage, Jean-Marc Meyer nous entraîne cette fois à la découverte de quelques voyageurs dont les récits l’ont fasciné. Cinq hommes qui ont choisi de voir le monde à leur manière, que ce soit avec un véhicule ou simplement à pied. Il s’agit de John Steinbeck, de William Least Heat Moon et de Colin Thubron pour les motorisés, et de Peter Jenkins (et sa femme Barbara pour la seconde partie de son voyage) et de Bernard Ollivier pour les piétons, classés ici par ordre chronologique.

John Steinbeck (1902-1968) a 58 ans quand il entreprend, en 1960, de faire le tour des Etats-Unis dans un « camper » qu’il a lui-même réalisé sur le châssis d’un pick-up. 
Il part avec son caniche Charley pour aller trouver ces Américains dont il a souvent parlé dans ses romans mais qu’il ne connaît finalement pas si bien que cela. Il va partir dans le sens inverse des aiguilles de la montre, depuis Sag Harbor, sa résidence sur Long Island (NY). Il mettra un peu plus de trois mois (27 septembre - 6 décembre) pour faire environ 16'000 km, couchant en partie dans son véhicule et en partie à l’hôtel. 
Il raconte ses expériences dans un livre intitulé « Travels with Charley ».
Certains ont mis en doute la véracité de son récit, qui tiendrait plus de la fiction que du reportage. Il n’empêche, il a accompli là un bel exploit et en a rapporté quelques belles rencontres humaines. Les principales réflexions qu’il en a tirées : - Tous les Etats diffèrent par la manière dont les gens parlent aux autres et les traitent. - La société américaine est poussée par la peur. - La société américaine néglige son environnement, sa vie et sa culture. - Les Américains placent la propreté avant le goût. Sa démarche s’est inspire de celle de R.L. Stevenson, avec son récit intitulé “Travels with a donkey in the Cevennes” (Voyage avec un âne dans les Cévennes).

William Least Heat Moon (1939-…) est un Américain avec une ascendance amérindienne – d’où le nom Heat Moon – qui vit à Columbia (Missouri) au moment où il songe à son voyage, en mars 1978. Il a alors 39 ans, et son poste d’enseignant n’a pas été renouvelé par la municipalité ; il se sépare de sa femme, et sa vie en est fortement ébranlée. En réaction, il décide de partir voir son pays. « Avec un sentiment quasi désespéré d’isolement et le soupçon que je vivais dans un pays étranger, je me suis lancé sur la route à la recherche de lieux où le changement ne signifiait pas la ruine et où le temps, les hommes et leurs actes sont reliés entre eux.” Il achète une camionnette qu’il va transformer sommairement pour pouvoir y coucher et se faire à manger ; il l’appelle « Ghost Dancing ».
Il part avec 26 dollars en poche et 428 dollars cachés dans le tableau de bord, plus quelques cartes de crédit, prêt à affronter la route dans des conditions plutôt spartiates. Son idée : faire le tour des Etats-Unis par les « routes bleues », c’est-à-dire les routes secondaires.
Il commence son tour en se dirigeant vers l’est et la côte Atlantique puis continue dans le sens des aiguilles de la montre. Il n’a pas de plan précis, il se laisse guider par un nom qui frappe son imagination (Nameless, Dimebox, Wanchese, …) ou par une direction générale dans laquelle il doit aller pour faire le tour du pays. Son seul impératif : éviter à tout prix les autoroutes et les grandes nationales et la culture standardisée qui s’y attache.
Il préfère nettement s’arrêter dans des petits cafés, où il compte les calendriers: s’il n’y en a qu’un, pas la peine d’insister, avec 4, il faut absolument goûter la tarte de la patronne, et s’il y en a 5, il faut garder cette adresse secrète, avant que le succès ne vienne gâcher la qualité de la cuisine !
Son livre, « Blue Highways », est une source constante de découvertes et de rencontres avec des personnes simples, comme lui, mais avec quelles superbes qualités humaines !
Il mettra trois mois pour parcourir environ 20'000 km. Trente après, son livre est toujours réédité et il continue de raconter son aventure et ses rencontres dans des émissions de télévision ou devant des groupes d’aînés.


Colin Thubron (1939 - …) est un écrivain-voyageur anglais sur qui la Russie a toujours exercé une grande fascination. A l’école déjà, il regardait cet immense espace en vert sur la carte murale du monde qui représentait un monde totalement interdit du fait de l‘isolement de l’Union Soviétique. En 1982 (il a alors 43 ans), il entreprend de découvrir enfin ce monde fermé au volant de sa propre voiture. Entrer en Union Soviétique n’est pas simple, encore moins en voyageant seul et en voiture : c’est quasiment du jamais vu ! « J’entrais dans ce pays avec, en moi, trop de fébrilité pour être suffisamment prêt à ce qui m’attendait. Je parlais un russe hésitant… et j’étais bourré de préjugés. Aucun Occidental ne pénètre en Union Soviétique sans idées préconçues. » Il entre en Union Soviétique depuis la Pologne vers la Biélorussie et Minsk, continue vers Moscou, puis les villes de l’Anneau d’Or (Jaroslav, Souzdal..), Leningrad, les pays baltes, les villages d’écrivain au sud de Moscou, Kharkov, Rostov-sur-le Don, le Caucase, la Géorgie, l’Arménie, la Crimée, et la remontée en Ukraine vers Kiev et la sortie vers la Hongrie par l’ouest de l’Ukraine vers la ville frontière de Chob. 

« …j’allais seul, dans ma voiture personnelle, je m’arrêtais dans les campings et j’espérais parcourir 16’000 km sur toutes les routes – ou presque – qui m’étaient autorisées entre la Baltique et le Caucase. » « …tout avait été organisé depuis Londres et à la frontière polonaise. … Mon itinéraire, arrangé à l’avance et enregistré en détail, devait être longuement contrôlé par d’innombrables policiers de la route tout au long de mon voyage. … J’avais des bons pour camper, des bons pour prendre de l’essence, des bons pour aller à l’hôtel. … Mais mon passeport, irréprochable d’un point de vue technique, disait que j’étais « directeur d’une société de construction » et non écrivain. Cela devait me permettre, avais-je estimé, de passer plus facilement inaperçu. »
Le récit de ce voyage est publié dans un livre actuellement épuisé : « Les Russes » (un exemplaire est disponible à la Bibliothèque de Genève, aux Bastions, cote BGE Th 2821  - Détail de l’exemplaire : 1060208196). 
A la fin de son voyage, au moment de sortir de l’URSS, et après avoir été suivi pendant plusieurs jours par des agents du KGB, sa voiture et ses bagages sont fouillés à la douane. Le carnet contenant toutes ses notes de voyage se retrouve entre les mains d’un fonctionnaire qui ne peut pas lire les notes codées. Colin Thubron est sûr qu’il va lui être confisqué. En fin de compte, de guerre lasse, le carnet lui est rendu – et le livre a ainsi pu être écrit. Ce qui frappe, c’est la liberté qu’il a prise tout au long de son voyage pour échapper à la présence insistante des guides et autres fonctionnaires chargés de le surveiller, et les innombrables rencontres qu’il a faites. Pas de photos, mais des récits de rencontres si vivants que l’on croit être avec lui sur le terrain. Un livre extraordinaire, pour une aventure réellement hors normes dans l’URSS de 1982.


« Quand on ne veut qu’arriver, on peut courir en chaise de poste. Mais quand on veut voyager, il faut aller à pied. »  Jean-Jacques Rousseau (cité par Bernard Ollivier)


Les deux derniers voyageurs sont des marcheurs au long cours.

Peter Jenkins (1951 - … ) Ce jeune Américain n’a que 22 ans quand il forme un projet peu ordinaire : « J’avais eu mon diplôme à Alfred University en 1973. J’étais si découragé par ce que j’avais entendu à propos de ce pays que j’ai décidé d’y aller voir par moi-même… avec mon chien Cooper. … J’ai trouvé qu’il ne suffisait pas de marcher à travers l’Amérique. Il me fallait m’arrêter, travailler et vivre avec les gens. » Il va ainsi se lancer, sans aucune expérience préalable de la marche mais après un vigoureux entraînement physique, dans la traversée des Etats-Unis à pied, depuis Alfred (nord de l’Etat de New York) jusqu’à Florence (Oregon), sur la côte du Pacifique. 
La première partie, d’Alfred (15 octobre 1973) à La Nouvelle Orléans (11 avril 1975), représente 3'000 km… et 13 paires de chaussures !
Comme il ne peut compter financièrement que sur lui-même, il s’arrête en cours de route pour travailler. Progressivement, il s’endurcit physiquement et s’ouvre à des rencontres qui lui révèlent ce qu’il cherche : une connaissance directe avec des gens simples, qui vivent encore souvent dans des conditions plus que modestes, dans une Amérique qui tend déjà à disparaître dans l’uniformisation des commerces et des modes de vie d’une côte à l’autre. 
Arrivé à La Nouvelle Orléans, il va y passer 14 mois pour gagner sa vie et rédiger un premier livre : « A Walk Across America », malheureusement non traduit en français.
C’est pendant cette période en Louisiane qu’il fait la connaissance de Barbara. 
Ils se marient, et pour lui, la continuation de son projet semble définitivement compromise. Mais contre toute attente, Barbara décide finalement de se lancer et de l’accompagner dans sa marche vers le Pacifique. 
Les débuts seront difficiles, mais la jeune femme démontre de belles capacités et, après avoir traversé le Texas surchauffé, le Nouveau-Mexique, une partie des Montagnes Rocheuses, ils se retrouvent pour l’hiver dans un petit ranch à 3000 m d’altitude. 
Ils ne peuvent repartir qu’en mai, et ce n’est que le 18 janvier 1979 qu’ils atteignent le Pacifique. Ils ont eu une idée magnifique : inviter tous ceux qu’ils ont rencontrés et qui ont compté pour eux durant ce très long voyage pour parcourir ensemble le dernier mile !

Au total, en cinq ans et trois mois, du 15 octobre 1973 au 18 janvier 1979, Peter Jenkins aura parcouru 7'560 km (Barbara « seulement » 4560 km !), avec à la clé deux best-sellers aux Etats-Unis, « A Walk Across America » et « The Walk West ». 
Au-delà de la performance physique, c’est surtout l’extraordinaire contenu émotionnel et humain qui caractérise cet exploit.


Bernard Ollivier (1938 - …) Après la mort de sa femme, ce journaliste proche de la retraite est désemparé. Il lui faut quelque chose pour le motiver et lui faire reprendre goût à l’existence. Pourquoi pas une longue marche ? Quelques marathons et un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle (2325 km) lui serviront de préparation. Mais son objectif est plus ambitieux encore: pourquoi pas la totalité de la Route de la Soie, à pied ?  12’000 km!  Personne ne l’avait encore fait.
Il a 61 ans quand il quitte Paris pour Istanbul, véritable point de départ de sa longue marche, qui durera 4 ans. Il ne peut marcher que du printemps à l’automne, à cause de la neige qui ferme certains passages. A la fin de chaque étape, il revient à Paris où il récupère et écrit le récit de son voyage. Il publiera ainsi trois volumes.
La première étape (14 mai 1999 – juillet 1999), Istanbul-Téhéran (pratiquement par les mêmes routes que celles empruntées par Françoise Malleroff en 1974 dans son périple en 4L vers l’Afghanistan – voir compte-rendu de la séance du 12 mars 2013), traverse la rude Anatolie. 

Elle est interrompue dramatiquement, après 1700 km, à Dogoubayezit, à quelques kilomètres de la frontière iranienne : une dysenterie amibienne terrasse Bernard Ollivier et le contraint à revenir prématurément à Paris après un long transport en ambulance et un séjour à l’hôpital à Istanbul. Heureusement il pourra se rétablir et repartir l’année suivante. 
Le premier volume s’appelle simplement « La Longue Marche » (éditions Phébus, 2000).

La deuxième étape (mai – septembre 2000), au lieu de partir de Téhéran, repart de Dogoubayezit, à l’endroit exact où la précédente étape avait été interrompue. Le but, cette année-là : Samarkand (Ouzbékistan).
La difficulté principale sera la traversée du désert au Turkménistan. Pour pouvoir affronter à pied ces étendues surchauffées, il faut pouvoir boire 12 litres d’eau par jour. Une telle quantité d’eau, ajoutée au poids du sac, est intransportable à dos d’homme. Comment faire ? Ingénieusement, Bernard Ollivier va se construire un chariot, l’EVNI (Etrange Véhicule Non Identifié !), à partir d’un vélo d’enfant. Il lui permet de transporter son sac et sa ration journalière d’eau.
La visite de Boukhara et la découverte de Samarkand permettent d’oublier les fatigues de cette très longue étape. Le deuxième volume : « Vers Samarcande » paraît en 2001.

La troisième étape (juin – septembre 2001), de Samarkand à Turfan (Chine), le conduira à travers le Kirghizistan et la traversée de la chaîne du Pamir, vers Kashgar, la célèbre ville caravanière, puis le long du terrible désert du Taklamakan vers Turfan, curieusement située au-dessous du niveau de la mer. 
Le chariot est toujours là, et bien utile dans ces régions arides et très chaudes. En passant la frontière entre le Kirghizistan et la Chine, au col de Torugart (3500 m), Bernard Ollivier quitte le monde musulman et ses traditions d’hospitalité pour affronter le monde chinois, fortement policé et souvent peu hospitalier.


La quatrième et dernière étape, de Turfan à Xi’an, (avril – juillet 2002),

offre toute de même quelques très beaux moments (forteresse de Jiayuguan, grande muraille de Chine, notamment), mais la fatigue commence à se faire sentir. Les étapes journalières se font toujours plus longues, comme s’il voulait en finir plus vite. Le record est de 67 kilomètres en un seul jour ! Et le fidèle EVNI est toujours là.
Le 10 juillet 2002, après 4 ans et quelque 12'000 km, le but est atteint : la Tour de la Cloche à Xi’an. L’aventure est terminée.
Le troisième volume : « Le vent des steppes », paru en 2003, rend compte des troisième et quatrième étapes, terminant ainsi un récit fascinant par le vivacité du récit et la façon dont les petites et grandes aventures quotidiennes sont contées. Un must pour tous les passionnés de voyage.


Bonus
Pour terminer, il faut mentionner ici l’aventure de l’« Out of Eden Walk » de l’Américain Paul Salopek. Commencée en janvier 2013, elle se propose de relier à pied le berceau de l’humanité en Ethiopie à la Terre de Feu au Chili, en suivant le trajet des premiers peuplements. Un pari incroyable : 34'000 km, à parcourir en 7 ans. 
Les nouvelles sont données régulièrement par Paul Salopek sur le site « Outofedenwalk.com ». Récits et photos permettent de véritablement suivre ce marcheur de l’impossible.


lundi 13 janvier 2014

Séance du 8 octobre 2013

En 4L de Malagnou à Kaboul. 2ème partie : en Afghanistan
par Françoise Malleroff


Carte de l'Afghanistan


Pour cette seconde partie de sa présentation sur son voyage en Afghanistan en 1974, Françoise Malleroff nous a emmenés sur des chemins encore plus aventureux que lors de la première partie jusqu’à Meshed en Iran. Dès l’entrée en Afghanistan, le changement est palpable, les routes sont moins bonnes, tout le pays semble figé dans un lointain passé. Cinq ethnies cohabitent : les Pashtous, présents sur l’ensemble du territoire, les Tadjiks au nord de Kaboul, les Hazaras dans le centre montagneux du pays, enfin les Ouzbeks et les Turkmènes, groupes turcophones proches de la frontière avec l’Union Soviétique au nord. L’entrée dans le pays se fait sans problème. Une vieille citadelle marque l’entrée dans Herat, où l’artère principale qui mène à la Mosquée du Vendredi n’est parcourue que par quelques carrioles et vélos. 
Hérat - la vieille citadelle

Hérat - L'avenue vers la Mosquée du Vendredi

La vie semble bien tranquille dans cette ville de 65'000 habitants (aujourd’hui 400'000 et seconde ville du pays), avec ces familles qui se promènent dans les rues. Il existe plusieurs routes pour atteindre Kaboul – ce sera celle par le sud, contournant le centre difficilement accessible, et passant par Kandahar et Ghazni. Réputée dangereuse à cause de bandits s’attaquant aux automobilistes isolés, il est décidé de s’intégrer dans un convoi de camions. Mais les contraintes sont telles qu’au bout d’un moment, il sera décidé de continuer seul. Heureusement la route jusqu’à Ghazni sera parcourue sans problème. La ville est accueillante et chaleureuse. L’occasion de voir quelques magnifiques marchés, notamment pour les fruits et légumes ou pour le blé.

Ghazni - Familles en promenade

Ghazni - Le marché aux fruits


Ghazni - Le marché aux grains

Puis ce sera le dernier trajet jusqu’à Kaboul, mélange de ville moderne et traditionnelle. Le but est atteint enfin, après tant de kilomètres depuis Genève ! Les premiers faubourgs sont très modestes, mais plus loin, les traces des Anglais qui y régnèrent en maîtres jusqu’à l’indépendance au début du XXe siècle y sont encore bien visibles, comme le Club House au milieu de magnifiques jardins. Le centre ville est moderne et un hôtel confortable permettra de laisser voiture, bagages et fatigue pour quelques jours. Découverte de la ville à pied, notamment dans le quartier de Shar-i-Nao, où se trouvent les boutiques traditionnelles. Les camions richement décorés font l’admiration des étrangers.
Enfin Kaboul est en vue

Kaboul - Le superbe Club House, vestige de la présence anglaise


Kaboul - Echope traditionnelle


Kaboul - Décoration locale des camions...


Excursion à Istalif - Accueil fleuri


Istalif - Ecoliers entourant leur professeur


Cabine téléphonique locale

Après avoir rencontré des amis suisses, il est décidé de laisser la voiture à Kaboul et de rejoindre un groupe qui part vers Bamiyan et dans le nord du pays avec un petit bus. Il faut franchir deux cols à 3000 et 3485 m d’altitude pour atteindre la vallée de Bamiyan. Là, taillés dans les falaises, se nichent les deux grands Bouddhas que les talibans détruiront par la suite. Ces statues gigantesques sont très impressionnantes. La route se poursuit vers les lacs de Band-i-Amir. Le chemin est rude, heureusement que la voiture est restée à Kaboul ! Le long du chemin, les tchaïkanas (maisons de thé) fournissent des haltes bienvenues. 
Sur la route de Bamiyan, rencontre avec une caravane de chameaux

Vers les cols Unaï (3000 m) et Hajigak (3485 m)

Arrivée dans la vallée de Bamiyan, avec la falaise des grands Bouddhas

Un des grands Bouddhas de Bamiyan

Gros plan sur un des Bouddhas


Jeune fille Hazara

Halte bienvenue dans une tchaïkana (maison de thé)

Les lacs suspendus de Band-i-Amir, qui s’étagent entre 2600 et 2500 m d’altitude, sont une pure merveille, magnifiques étendues d’eau qui se déversent les unes dans les autres en cascades successives. Le patron du minuscule hôtel organise un bouzkachi, le jeu traditionnel où des cavaliers virtuoses doivent s’emparer d’un cadavre de chèvre pour aller le porter dans leur camp, ce qui donne lieu à des chevauchées sauvages pour les deux équipes en compétition. Joseph Kessel en fait un chapitre magistral dans son roman « Les Cavaliers ».


L'une des plus grandes merveilles de l'Afghanistan: les lacs suspendus de Band-I-Amir




Jeu du "bouzkachi" (l'attrape-chèvre) organisé ce jour-là en l'honneur des visiteurs étrangers


La route se poursuit vers le Nord, dans des défilés impressionnants et des paysages grandioses, pour atteindre Kunduz, une ville de 50'000 habitants. L’occasion de voir notamment des écoliers et des écolières, l’éducation étant considérée alors comme prioritaire à cette époque, pour les garçons comme pour les filles. Le photographe ambulant est une figure de la ville. 


Défilé dans la vallée d'Ajar


Le long de la rivière Ajar

Kunduz - Les enfants jouent...

Kunduz - Ecolière portant fièrement son uniforme


Kunduz - Photographe ambulant
 
Au-delà de la ville, la route conduit à Tashkurgan (appelé aussi Kholm), à l’entrée de la vallée du Pamir. Le point fort de la ville : le grand bazar, l’un des plus beaux d’Afghanistan. Rien ne semble avoir bougé depuis des siècles ! En continuant vers l’Ouest, on atteint Mazar-i-Sharif, lieu de pèlerinage pour les Chiites comme pour les Sunnites. Quelques kilomètres plus loin, c’est Balkh – l’ancienne Bactriane. Tous les grands conquérants ou les grands savants de l’antiquité sont venus à Balkh. Belles ruelles avec leurs échoppes, la tombe d’un chef spirituel soufi du XVe siècle est en bien mauvais état, comme le dôme de la mosquée. C’est aussi à Balkh qu’a lieu la rencontre avec un ami ouzbek, suite à un rendez-vous arrangé depuis au moins 6 mois, à l’heure dite et au lieu convenu dur la place du marché ! Les moments passés en sa compagnie marquent la fin du périple. Il est temps déjà de revenir à Kaboul. 
Tashkurgan (Kholm) - L'un des plus beaux bazars 

Tashkurgan - Petite porteuse de pain

Troupeau de moutons sur la route vers Mazar-I-Sharif


Entrée dans Mazar-I-Sharif, cavaliers et chameaux

Balkh, l'antique Bactriane - Echopes

Balkh - Le tombeau de Nasri-Parsa, chef spirituel soufi du XVe siècle, en piteux état

Balkh - Dôme du tombeau de Nasri-Parsa

Balkh - L'ami ouzbek retrouvé à l'heure et à l'endroit convenus 6 mois avant depuis la Suisse!

Le tunnel du Salang, ouvrage de 2.7 km de long, à 3600 m d’altitude, réalisé par les Russes, facilite grandement le trafic entre Kaboul et les villes du nord du pays. A sa sortie, dernier moment rêvé : une noce, avec les convives qui dansent sur la route au son d’un petit orchestre, alors que la mariée, toute voilée sur son chameau, ne laissera pas voir son visage.


Tunnel de Salang, 2.7 km, à 3000 m, construit par les Russes

Tunnel de Salang - Rencontre impromptue avec un groupe allant à un mariage

Groupe de musiciens, mais la future mariée, sur son chameau, se cache derrière un grand voile rouge 

De retour à Kaboul, il faut quitter le groupe des amis et le petit bus qui a permis le grand tour par Bamiyan, les lacs de Band-i-Amir, Kunduz, Tashkurgan, Mazar-i-Sharif et enfin Balkh - la fabuleuse Bactriane de l’antiquité. La 4L est toujours là et prête pour la longue route du retour. Il faudra 15 jours pour parcourir les 6800 km de Kaboul à Genève. A la sortie du tunnel du Mont-Blanc, l’occasion de faire le point avec d’autres amateurs de Renault 4L qui ont fait un parcours similaire. En tout, les 57 jours de ce voyage d’exception représentent 17'150 km, dont 1150 en bus de Kaboul à Kaboul.

A Chamonix, discussion avec d'autres grands voyageurs en Renault 4L également de retour d'Asie Centrale

Ces photos de 1974 sont précieuses, car elles montrent un Afghanistan aujourd’hui disparu et surtout devenu inaccessible pour les touristes. Les commentaires précis et tellement vivants de Françoise Malleroff ont fait de cette présentation un moment d’exception.