En 4L de Malagnou
à Kaboul. 2ème partie : en Afghanistan
par Françoise Malleroff
Carte de l'Afghanistan
Pour cette
seconde partie de sa présentation sur son voyage en Afghanistan en 1974, Françoise
Malleroff nous a emmenés sur des chemins encore plus aventureux que lors de la
première partie jusqu’à Meshed en Iran. Dès l’entrée en Afghanistan, le
changement est palpable, les routes sont moins bonnes, tout le pays semble figé
dans un lointain passé. Cinq ethnies cohabitent : les Pashtous, présents
sur l’ensemble du territoire, les Tadjiks au nord de Kaboul, les Hazaras dans
le centre montagneux du pays, enfin les Ouzbeks et les Turkmènes, groupes
turcophones proches de la frontière avec l’Union Soviétique au nord. L’entrée
dans le pays se fait sans problème. Une vieille citadelle marque l’entrée dans
Herat, où l’artère principale qui mène à la Mosquée du Vendredi n’est parcourue
que par quelques carrioles et vélos.
Hérat - la vieille citadelle
Hérat - L'avenue vers la Mosquée du Vendredi
La vie semble bien tranquille dans cette
ville de 65'000 habitants (aujourd’hui 400'000 et seconde ville du pays), avec
ces familles qui se promènent dans les rues. Il existe plusieurs routes pour
atteindre Kaboul – ce sera celle par le sud, contournant le centre
difficilement accessible, et passant par Kandahar et Ghazni. Réputée dangereuse
à cause de bandits s’attaquant aux automobilistes isolés, il est décidé de
s’intégrer dans un convoi de camions. Mais les contraintes sont telles qu’au
bout d’un moment, il sera décidé de continuer seul. Heureusement la route
jusqu’à Ghazni sera parcourue sans problème. La ville est accueillante et
chaleureuse. L’occasion de voir quelques magnifiques marchés, notamment pour
les fruits et légumes ou pour le blé.
Ghazni - Familles en promenade
Ghazni - Le marché aux fruits
Ghazni - Le marché aux grains
Puis ce sera le
dernier trajet jusqu’à Kaboul, mélange de ville moderne et traditionnelle. Le
but est atteint enfin, après tant de kilomètres depuis Genève ! Les
premiers faubourgs sont très modestes, mais plus loin, les traces des Anglais
qui y régnèrent en maîtres jusqu’à l’indépendance au début du XXe siècle y sont
encore bien visibles, comme le Club House au milieu de magnifiques jardins. Le
centre ville est moderne et un hôtel confortable permettra de laisser voiture,
bagages et fatigue pour quelques jours. Découverte de la ville à pied,
notamment dans le quartier de Shar-i-Nao, où se trouvent les boutiques
traditionnelles. Les camions richement décorés font l’admiration des étrangers.
Enfin Kaboul est en vue
Kaboul - Echope traditionnelle
Kaboul - Décoration locale des camions...
Excursion à Istalif - Accueil fleuri
Istalif - Ecoliers entourant leur professeur
Cabine téléphonique locale
Après avoir rencontré des amis suisses, il est décidé de laisser la voiture à Kaboul et de rejoindre un groupe qui part vers Bamiyan et dans le nord du pays avec un petit bus. Il faut franchir deux cols à 3000 et 3485 m d’altitude pour atteindre la vallée de Bamiyan. Là, taillés dans les falaises, se nichent les deux grands Bouddhas que les talibans détruiront par la suite. Ces statues gigantesques sont très impressionnantes. La route se poursuit vers les lacs de Band-i-Amir. Le chemin est rude, heureusement que la voiture est restée à Kaboul ! Le long du chemin, les tchaïkanas (maisons de thé) fournissent des haltes bienvenues.
Sur la route de Bamiyan, rencontre avec une caravane de chameaux
Vers les cols Unaï (3000 m) et Hajigak (3485 m)
Arrivée dans la vallée de Bamiyan, avec la falaise des grands Bouddhas
Un des grands Bouddhas de Bamiyan
Gros plan sur un des Bouddhas
Jeune fille Hazara
Halte bienvenue dans une tchaïkana (maison de thé)
Les lacs suspendus de Band-i-Amir, qui s’étagent entre 2600 et 2500 m d’altitude, sont une pure merveille, magnifiques étendues d’eau qui se déversent les unes dans les autres en cascades successives. Le patron du minuscule hôtel organise un bouzkachi, le jeu traditionnel où des cavaliers virtuoses doivent s’emparer d’un cadavre de chèvre pour aller le porter dans leur camp, ce qui donne lieu à des chevauchées sauvages pour les deux équipes en compétition. Joseph Kessel en fait un chapitre magistral dans son roman « Les Cavaliers ».
Jeu du "bouzkachi" (l'attrape-chèvre) organisé ce jour-là en l'honneur des visiteurs étrangers
La route se poursuit vers le Nord, dans des défilés impressionnants et des paysages grandioses, pour atteindre Kunduz, une ville de 50'000 habitants. L’occasion de voir notamment des écoliers et des écolières, l’éducation étant considérée alors comme prioritaire à cette époque, pour les garçons comme pour les filles. Le photographe ambulant est une figure de la ville.
Défilé dans la vallée d'Ajar
Le long de la rivière Ajar
Kunduz - Les enfants jouent...
Kunduz - Ecolière portant fièrement son uniforme
Kunduz - Photographe ambulant
Au-delà de la ville, la route conduit à Tashkurgan (appelé aussi Kholm), à l’entrée de la vallée du Pamir. Le point fort de la ville : le grand bazar, l’un des plus beaux d’Afghanistan. Rien ne semble avoir bougé depuis des siècles ! En continuant vers l’Ouest, on atteint Mazar-i-Sharif, lieu de pèlerinage pour les Chiites comme pour les Sunnites. Quelques kilomètres plus loin, c’est Balkh – l’ancienne Bactriane. Tous les grands conquérants ou les grands savants de l’antiquité sont venus à Balkh. Belles ruelles avec leurs échoppes, la tombe d’un chef spirituel soufi du XVe siècle est en bien mauvais état, comme le dôme de la mosquée. C’est aussi à Balkh qu’a lieu la rencontre avec un ami ouzbek, suite à un rendez-vous arrangé depuis au moins 6 mois, à l’heure dite et au lieu convenu dur la place du marché ! Les moments passés en sa compagnie marquent la fin du périple. Il est temps déjà de revenir à Kaboul.
Tashkurgan (Kholm) - L'un des plus beaux bazars
Tashkurgan - Petite porteuse de pain
Troupeau de moutons sur la route vers Mazar-I-Sharif
Entrée dans Mazar-I-Sharif, cavaliers et chameaux
Balkh, l'antique Bactriane - Echopes
Balkh - Le tombeau de Nasri-Parsa, chef spirituel soufi du XVe siècle, en piteux état
Balkh - Dôme du tombeau de Nasri-Parsa
Balkh - L'ami ouzbek retrouvé à l'heure et à l'endroit convenus 6 mois avant depuis la Suisse!
Le tunnel du Salang, ouvrage de 2.7 km de long, à 3600 m d’altitude, réalisé par les Russes, facilite grandement le trafic entre Kaboul et les villes du nord du pays. A sa sortie, dernier moment rêvé : une noce, avec les convives qui dansent sur la route au son d’un petit orchestre, alors que la mariée, toute voilée sur son chameau, ne laissera pas voir son visage.
Tunnel de Salang, 2.7 km, à 3000 m, construit par les Russes
Tunnel de Salang - Rencontre impromptue avec un groupe allant à un mariage
Groupe de musiciens, mais la future mariée, sur son chameau, se cache derrière un grand voile rouge
A Chamonix, discussion avec d'autres grands voyageurs en Renault 4L également de retour d'Asie Centrale
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