vendredi 10 février 2017

Séance du 13 décembre 2016

Au Liban (2002 - 2014)
par Jean-Marc Meyer

Pendant cette douzaine d'années, je suis allé une quinzaine de fois au Liban pour enseigner à la Faculté de Médecine Dentaire de l'Université Saint-Joseph à Beyrouth, dans le cadre d'un programme de master en biomatériaux. 
Ce fut aussi l'occasion de parcourir la ville et le pays, et c'est cette expérience qui est relatée ici.


Le Liban est un petit pays de quelque 6 millions d'habitants, entouré par la Syrie et Israël. La frontière avec Israël est fermée, et l'accès à la Syrie est devenue quasi impossible depuis le début de la guerre civile en 2011. Heureusement, nous avions pu y aller à trois reprises en 2004 (à Damas), 2008 et 2010 (Alep). Depuis le début de la guerre en Syrie, le nombre de réfugiés syriens ne cesse d'augmenter, pour atteindre plus de 1 million en 2016. Après les réfugiés palestiniens, les réfugiés syriens imposent au pays des charges très lourdes, auxquelles le pays peine à répondre.

La Faculté de Médecine Dentaire, à la rue de Damas à Beyrouth. Elle avait dû être évacuée pendant la guerre civile de 1975-1990, la ligne de séparation ("ligne verte") entre les belligérants passant précisément par la Rue de Damas.

A travers Beyrouth

Pendant tous les séjours à Beyrouth, nous avons logé à l'Hôtel Alexandre, à Achrafieh, un des quartiers chrétiens de la ville. Evidemment, une telle fidélité avait permis d'établir des liens privilégiés avec le personnel de cet excellent hôtel, situé à proche distance de la Faculté.


Cette carte représente bien la localisation des différentes communautés: les chrétiens à Achrafieh et Gemmayzé, les musulmans sunnites à Hamra, et les musulmans chiites à Haret Hreik. Quand on vient de l'aéroport, seule véritable porte d'entrée dans le pays, on doit passer dans le fief du Hezbollah, le parti chiite, qui peut à tout moment fermer la Route de l'Aéroport et bloquer ainsi tout le pays.

La Place Sassine représente le coeur d'Achrafieh. On y voit le monument dédié à Bachir Gemayel, le président assassiné dans une rue voisine le 14 septembre 1982, en pleine Guerre du Liban.


Rue Adib Ichac, reliant l'autoroute de Damas avec la Place Sassine, pratiquement la seule voie d'accès, fortement encombrée le matin. La statue de la Vierge en pleine rue exprime bien la foi  affichée des chrétiens de Beyrouth.

Les contrastes sont fréquents, entre les bâtiments d'après-guerre et les vestiges plus ou moins endommagés des bâtiments d'avant-guerre. Celui de gauche  est en partie squatté. Son quasi abandon résulte probablement de querelles de familles ou simplement de la disparition du propriétaire, qui expliquent le grand nombre de bâtiments encore en ruine.

La construction bat cependant son plein, le plus souvent à grande hauteur, en raison de l'exiguïté des terrains à disposition. Les constructions commencent souvent par des fouilles très profondes, pour enterrer plusieurs étages de parkings.

Ce plan d'un étage d'un immeuble en construction est assez représentatif de la manière de se loger. L'étage est divisé en deux appartements. Celui de droite possède une de ces grandes pièces caractéristiques, avec un grand espace de réception, avec de part et d'autre un coin salon un peu plus intime, et un coin salle à manger. A remarquer: la très petite taille de la chambre de bonne. Chaque famille a au moins une bonne, souvent philippine.

Le quartier de Gemmayzé, entre Achrafieh et la mer. L'escalier Saint Nicolas, et le Musée Sursock, le musée d'art moderne de Beyrouth, nouvellement créé dans un bâtiment moderne jouxtant la très belle maison Sursock, exemple des riches demeures libanaises du 19ème siècle, mélange de styles vénitien et ottoman.

Pendant la guerre du Liban, le centre ville a été très fortement détruit, comme le montre cette photo. Après la guerre, un énorme effort de reconstruction a été entrepris, notamment à travers le projet Solidere, conduit par le futur premier ministre Rafic Hariri.

Une rue du centre ville illustrant le niveau de reconstruction atteint avec le projet Solidere.

Rafic Hariri a également financé la construction de la grande mosquée Al Amin, en plein centre ville, juste à côté de la cathédrale Saint-Georges (chrétienne maronite) et de l'église Saint-Georges (chrétienne orthodoxe). On voit en contre-jour la statue des Martyrs, hommage aux victimes de la répression ottomane au début du XXème siècle, et la tente éclairée où repose le premier ministre Rafic Hariri et ses compagnons et gardes du corps, assassinés lors de l'attentat du 14 février 2005.

La Corniche est un boulevard longeant la mer entre la Place des Martyrs et le phare de ras al Beyrouth.


A Raouché, à proximité du célèbre Rocher aux Pigeons, la corniche se trouve dans un quartier musulman, où la jeunesse aime flâner et discuter.

Cet immeuble miraculeusement épargné par la guerre, à Basta, dans la partie musulmane toute proche de l'ancienne "ligne verte", est un précieux vestige de ce qui fut Beyrouth dans le quartier des souks, aujourd'hui totalement détruits.

La "maison jaune" ou "maison des snipers", se situe au carrefour de Sodeco (quartier d'Achrafieh). Cette ruine a été préservée comme témoin des destructions et de la guerre, et elle abrite aujourd'hui un musée moderne expliquant toute la problématique de la guerre du Liban, ouvert en 2015. A relever sur cette photo, les sacs de sable protégeant les soldats assurant la garde de ce carrefour important. Au gré des tensions surgissant dans la vie libanaise, des blindés peuvent venir momentanément renforcer le dispositif de surveillance aux principaux carrefours.

Quartier de Badaro, carrefour du Musée National. Pendant la guerre se trouvait ici l'un des rares passages de la "ligne verte", la ligne de démarcation entre les deux principales communautés en guerre. Les principaux trésors du musée avaient été magnifiquement protégés, et aujourd'hui ce musée est l'un des plus riches et des plus beaux de tout le Moyen-Orient. Il contient notamment une collection unique de sarcophages anthropoïdes.

Après la guerre israélo-arabe de 1948 et le conflit entre les Palestiniens et les Jordaniens dans les années 70, un grand nombre de réfugiés palestiniens se sont installés au Liban dans des camps, dont certains se trouvent en pleine ville, comme ici à Sabra et Chatila. En 1982, en représailles pour l'assassinat du président Bachir Gemayel, les milices chrétiennes y commirent un terrible massacre de la population, sous l'oeil de l'occupant israélien. Ces deux photos ont été prises lors d'un bref passage dans ces lieux généralement interdit aux touristes.

A Bourj Hammoud se trouvent les descendants des Arméniens ayant fui le génocide de 1915 en Turquie. La population, qui perpétue les traditions et le mode de vie des Arméniens, y est particulièrement agréable et accueillante pour le visiteur occasionnel.


A travers le pays



Aujourd'hui, une bonne partie du pays est devenue quasi inaccessible aux étrangers pour des raisons de sécurité. Le Foreign Office britannique a établi une carte à destination de ses ressortissants dans laquelle il mentionne les zones rouges, où il ne faut absolument pas aller, les zones jaunes, où l'on ne va que si cela est vraiment indispensable, et les zones vertes, où il est possible d'aller en respectant les consignes de sécurité. En 2002 et 2004, il nous a été possible d'aller sans problème à Tripoli ou dans la vallée de la Bekaa (aujourd'hui en zone rouge), et en 2006 à Tyr (en zone jaune aujourd'hui. Lors de nos derniers séjours, il était devenu évident que nos amis ne nous emmenaient plus que dans quelques sites sûrs de la zone verte.

Le Liban est divisé depuis 2003 en 8 mohafazat, ou gouvernorats. Nous commencerons le récit de nos visites dans le pays par le Gouvernorat du Nord, avec trois sites: Tripoli, Batroun et la vallée de la Qadisha

Pour aller au Nord, il faut impérativement sortir de la ville par l'autoroute côtière. C'est un exercice que seuls les Beyrouthins semblent capables de maîtriser...

Le retour à Beyrouth est tout aussi problématique et étourdissant.

Entrée dans Tripoli

Les souks de Tripoli constituent une attraction majeure pour les visiteurs étrangers. Les plus anciens, comme ici le souk Al Haraj, datent de l'époque mamelouk (14ème siècle). Les commerces sont regroupés par spécialités (savon, orfèvrerie, épices, articles en cuir ou en bois, etc,). En 2002 et 2004, on s'y sentait en parfaite sécurité. Les conflits entre factions politiques ou religieuses, comme en 2014, ont provoqué quelques dégâts dans les souks, mais certainement pas autant que dans les antiques souks d'Alep en Syrie.

Batroun - La petite ville en bord de mer est surtout un port de pêche. Les poissons parfaitement frais, comme les petits barracudas que l'on choisit en début de repas, sont servis grillés dans des restaurants traditionnels. L'arak, la boisson anisée libanaise qui accompagne si bien les plats de poissons, est servie selon un rituel parfaitement maîtrisé.

Dans les collines au-dessus de Batroun, nous avons visité le couvent chrétien orthodoxe de Notre-Dame de Kaftoun, célèbre pour son icône double face datant du XIème siècle. 

La Vallée de la Qadisha est la vallée sainte des chrétiens maronites, qui y trouvèrent refuge en périodes de crise, dès le 8ème siècle déjà. Elle compte de nombreux monastères, certains accrochés dans des falaises et difficilement accessibles. C'est là aussi que se trouve la plus célèbre forêt de cèdres du Liban, la Forêt des Cèdres de Dieu.

A côté de la ville de Bcharreh se trouve l'ancien monastère de Mar Sarkis, devenu aujourd'hui le musée consacré à Khalil Gibran, le poète libano-américain dont les oeuvres fournissent nombre de citations utilisées par exemple dans les mariages.

Vallée de la Qadisha: la Forêt des Cèdres de Dieu. On y trouve un cèdre vieux de 3'000 ans.


Vallée de la Qadisha - le monastère Saint-Antoine de Qozhaya, accroché à la montagne, que l'on atteint par une route vertigineuse.


Le gouvernorat du Mont-Liban constitue le centre du pays, avec tout le littoral depuis le Liban-Nord et jusqu'au Liban-Sud. La municipalité de Beyrouth est située au milieu de ce littoral. La frontière est est constituée par les crêtes de la chaîne du Mont-Liban. Dans cette région, en grande partie chrétienne, nous avons pu visiter sans problème les villes de Jbeil (Byblos) et Jounieh, et les localités ou sites d'Annaya, de Laqlouq et de Faraya.

Jbeil/Byblos est une des villes les plus anciennes qui sont peuplées et habitées sans discontinuité depuis leur création. Pour Byblos, c'était il y a environ 2500 ans. Le site antique porte les traces des divers occupants, comme les Phéniciens, les Egyptiens, les Romains ou les Croisés. A droite de la photo, l'entrée du port antique.

Le port antique de Byblos. C'est d'ici notamment que d'énormes quantités de bois de cèdre ont été expédiées par les Phéniciens, en particulier vers l'Egypte.

Les petits restaurants du port sont connus pour la fraîcheur de leurs poissons, exposés à l'entrée et que l'on choisit directement au moment de commander son repas. 

Le Château des Croisés domine le site antique de Byblos et offre une vue idéale sur l'ensemble du site. Les murs du château conservent entre les moellons quelques-uns des boulets reçus lors des attaques.

Annaya - le monastère Saint-Maron Annaya de l'Ordre libanais maronite se dresse à 1200 m d'altitude sur une colline dominant Jbeil. C'est aussi le lieu où vécut, à la fin de sa vie, le moine Charbel Makhlouf, canonisé en 1977. Saint Charbel est le saint le plus populaire chez les maronites. Le monastère de Saint-Maron contient le tombeau du saint. L'ermitage Pierre et Paul où Charbel vécut dans l'isolement se situe sur une colline au-dessus du monastère.

Le gouffre de Betara est un site extraordinaire dans l'univers rocheux et karstique de la région de Laqlouq, où les Libanais aiment passer leur vacances à la montagne, en été comme en hiver. Une petite rivière se précipite dans un profond gouffre, pour ressortir quelques kilomètres plus loin.

La ville de Jounieh fut le grand refuge des Chrétiens pendant la guerre du Liban. C'est aussi de là qu'ils pouvaient s'embarquer vers Chypre pour fuir le pays en guerre. La magnifique baie de Jounieh est dominée par la statue de Notre-Dame du Liban, atteignable par un télécabine et par la route. Plusieurs églises se concentrent au sommet de cette haute colline, comme la cathédrale de Saint Pierre et Paul, de l'ordre grec-melkite catholique (en bas à gauche de la photo). Un peu en-dessous, à Bkerké, se trouve le patriarcat de l'église chrétienne maronite (en bas à droite de la photo). Les diverses églises chrétiennes vivent en harmonie au Liban, et font partie des 17 religions officiellement reconnues par l'Etat.

La région de Faraya s'étend sur les contreforts du Mont-Liban, qui culmine ici à 2460 m. La station de Mzaar offre un domaine skiable de 42 pistes, d'une longueur totale de 80 km. Une journée de sport dans la région commence par du ski le matin et finit l'après-midi par une baignade sur l'une des plages du littoral distant d'nue vingtaine de kilomètres.

Lors d'une excursion matinale dans la région du Metn, au nord-est de Beyrouth, nous gardons le souvenir de cette halte dans une petite boulangerie où l'on nous a confectionné sous nos yeux le traditionnel "mankouché", sorte de fougasse au thym particulièrement odorante et délicieuse.
Le gouvernorat du Mont-Liban est subdivisé en 6 cazas (ou districts), soit, du nord au sud: Jbeil, Kesrouan, Metn, Baabda. Aley et Chouf. Chaque caza forme une bande de la côte jusqu'aux crêtes du Mont-Liban. La limite entre cazas est généralement marquée par une rivière s'écoulant au fond d'une vallée très profonde.

Pendant la guerre de l'été 2006, Israël a bombardé toutes les routes et ponts le long de la côté et sur la route vers Damas. Ici, à Mdereij, sur la route Beyrouth-Damas, peu avant le col de Baidar qui permet de franchir la chaîne du Mont-Liban, le nouveau pont autoroutier a été sévèrement endommagé.Les photos prises en janvier 2007 et mars 2009 montrent l'étendue des destructions et les travaux pour rendre le pont à la circulation.


Le caza (district) du Chouf est le plus méridional du gouvernorat du Mont-Liban. C'est à nouveau une région montagneuse où se concentrent principalement les Druzes du Liban. La religion druze est une émanation de l'Islam.

Deir al Qamar (le village de la Lune) est la première localité importante que l'on rencontre lorsque l'on monte vers le Chouf depuis le littoral. Le centre du village est très bien préservé, avec de très beaux bâtiments anciens.

Le Palais de Beit ed Dine, à quelques kilomètres de Deir al Qamar, a été construit entre 1788 et 1818 par l'émir Bachir Chehab II. Depuis la création de la République libanaise en 1943, il sert de résidence d'été au Président. Ce magnifique exemple de l'art ottoman au Liban peut être visité aisément en dehors des séjours du Président.

Sur les flancs ouest du Mont-Liban, dans le Chouf, se trouve la réserve des cèdres du Barouk. On y trouve quelques spécimens énormes et multicentenaires. L'atmosphère est plus libre et moins confinée dans cette réserve que dans la petite Forêt des Cèdres de Dieu que nous avions visitée dans le haut de la vallée de la Qadisha, et mentionnée plus haut dans ce compte-rendu.



Le gouvernorat de la Bekaa est aujourd'hui classé en zone rouge. La Bekaa est avant une large vallée fertile parcourue par le fleuve Oronte, qui s'écoule entre la chaîne du Mont-Liban et celle de l'Anti-Liban, dont les crêtes dessinent plus ou moins la frontière avec la Syrie à l'est. Ces riches terres agricoles sont habitées majoritairement par les musulmans chiites, encadré strictement par le Hezbollah, le Parti de Dieu. Quand nous y sommes allés, en 2002 et 2004, le Liban était encore partiellement occupé par les forces syriennes, et de nombreux contrôles routiers se dressaient sur la route vers Baalbek. Il fallait ralentir et surtout ne pas photographier les postes de contrôle et les troupes qui les occupaient. Pour rappel, les troupes syriennes ont complètement évacué le Liban en 2005, à la suite des manifestations monstres qui avaient suivi l'assassinat de Rafic Hariri. Depuis le début de la guerre civile en Syrie (2011), de nombreux combats ont eu lieu dans la vallée de la Bekaa, suite aux incursions de groupes armés de toutes sortes (Front al Nostra, Etat Islamique, etc.), qui cherchent soit à gagner des positions stratégiques, soit à trouver un refuge en territoire libanais. L'Armée Libanaise d'une part, et les milices armées du Hezbollah d'autre part, sont à la lutte pour faire respecter l'intégrité territoriale du Liban. Enfin, un nombre très élevé de réfugiés syriens se sont installés dans la Bekaa, où les camps de réfugiés se multiplient.

Baalbek - les ruines de la grande cité romaine d'Héliopolis constituent l'attraction touristique principale de la région. Le site est grandiose, et il sert de cadre à un festival artistique fameux, les plus grands artistes venant régulièrement s'y produire en été. Malgré les conditions très difficiles créées par la guerre en Syrie, le Festival de Baalbek continue d'exister. - On voit ici le Temple de Bacchus (en haut à gauche et grande photo) et les célèbres colonnes du Temple de Jupiter, le temple lui-même ayant disparu.

Plus proche de la route Beyrouth-Damas, le site d'Anjar constitue un bel exemple de l'architecture omeyyade du VIIIème siècle. La cité d'Anjar avait été construite par le calife Walid 1er au carrefour des routes nord-sud entre Homs et Tyr, et est-ouest entre Damas et Beyrouth.

Dans un environnement principal musulman chiite, le caza de Zahlé constitue une exception chrétienne. Dans la ville de Zahlé, les nombreux restaurants ombragés le long d'une petite rivière sont très prisés des touristes qui s'y arrêtent pour le repas de midi. C'est aussi le lieu de la culture du raisin et l'on y fait du vin depuis l'antiquité. La cave du Château Ksara a été fondée par des Jésuites au 19ème siècle et les souterrains creusés dans le rocher calcaire recèlent encore aujourd'hui quelques bouteilles datant de cette époque.



Le dernier gouvernorat que nous avons visité, le Liban-Sud, est encore une région principalement chiite, à l'exception près de Saïda, patrie de Rafic Hariri, qui est une ville sunnite. Jusqu'en 2000, le sud Liban était occupé par les Israéliens, aidés par une Armée du Liban Sud qui leur était toute acquise. Les troupes du Hezbollah se sont battues avec acharnement jusqu’à obtenir le départ de l'occupant israélien. C'est encore dans cette partie sud du Liban qu'ont eu lieu les combats terrestres entre Hezbollah et armée israélienne lors de la guerre de l'été 2006, avec une nouvelle défaite pour Israël, qui a dû se retirer du Liban.

Saïda - l'ancienne cité antique de Sidon, a été une ville tenue par les Croisés, qui y ont construit le fameux Château de la Mer, édifié sur l'eau et relié à la rive par un passage facile à défendre. On retrouve dans les murs des éléments de colonnes provenant de bâtiments romains.

Les vieux souks conservent toute l'atmosphère de la ville ancienne. Comme partout au Moyen-Orient, les bouchers n'hésitent pas à exposer leurs viandes en plein air. Commerce d'épices et de pois secs, et devanture d'une pâtisserie présentant les traditionnels gâteaux au miel, aux amandes et aux pistaches.

Tyr - anciennement Sour, est la ville importante la plus au sud du Liban, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière hermétiquement fermée avec Israël. C'est une des bases de la FINUL, la Force Intérimaire des Nations Unies au Liban (casques bleus).
Les vestiges romains sont imposants, comme ici cette magnifique avenue pavée. Un immense hippodrome, jamais achevé par les Romains, complètent le site antique. La ville moderne est partiellement visible au bout de cette voie pavée.


Visage paisible de cette ville, visitée au printemps 2006, quelques mois à peine avant l'éclatement de la guerre de l'été 2006, et qui vécut les bombardements par l'aviation israélienne et l'afflux des blessés des combats féroces qui se sont déroulés dans toute la zone sud.

Retour à Beyrouth pour un dernier regard

En 2013 et 2014, quand l'accès au reste du pays était devenu plus difficile, la marina de Beyrouth avec ses alignements de yachts monstrueux était un but de promenade apprécié.


Un ensemble de boutiques et de restaurants pour tous les goûts culinaires attire les visiteurs, qui aiment venir se relaxer autour de la marina.

Pendant cette longue période d'une douzaine d'années, nous avons vu le Liban passer par des moments réellement dramatiques - assassinats politiques, périodes de tension, guerre d'un été, "Révolution des Cèdres", instabilité politique - mais nous avons surtout pu admirer la remarquable résilience de ce peuple martyrisé par la guerre civile de 1975-1990, et qui sait quel est le prix d'un moment de paix. Les gens aujourd'hui ont retrouvé l'esprit de la fête, et la chaleur de leur accueil ont fait de nos quelques 15 visites des moments inoubliables.