Séance du 9
octobre 2012
Le Carnaval de
Bâle
Par Mme Raymonde
Wagner
Du lundi 27 au
mercredi 29 février 2012 s’est déroulé le traditionnel Carnaval de Bâle. Parmi
les grands carnavals d’Europe (Binche en Belgique, Venise, Cologne), celui de
Bâle est peut-être celui qui possède les plus fortes traditions. Rien à voir
avec les grandes fêtes de la Nouvelle Orléans ou de Rio de Janeiro : ici,
c’est la tradition qui impose un déroulement particulier, et la vie locale qui
donne les « sujets » des déguisements, des lanternes colorées et des
pamphlets satiriques en vers, les Schnitzelbänke que l’on distribue à la foule.
La fête débute le lundi, sur le 4ème coup de quatre heures, sur la
Marktplatz : c’est le Morgenstreich. Soudain, comme par magie, arrivent
sur la place par toutes les rues voisines les différentes Guggenmusik (les
cliques), au rythme des fifres et des tambours. Tout ce joyeux désordre envahi
le terrain, et chacun semble trouver sa place. On découvre alors les nouvelles
couleurs, les costumes des cliques, les thèmes des lanternes peintes. Cette
première partie va durer jusque vers 7 heures, le moment de se retrouver dans
les cafés pour une collation avant de partir prendre un peu de repos. Ce même
jour, à 13h30 , commence le grand cortège à travers la ville. A la lumière du
jour, on peut revoir plus clairement les différents groupes et les chars, les
quelque 12000 participants, et se laisser couvrir de confettis. Certains
personnages typiques de ce carnaval, comme le Waggis, prototype du voisin
alsacien que l’on adore critiquer, reviendront ainsi chaque année. Autre
élément important : la Blaggedde (ou « plaquette »), éditée chaque
année sur un thème différent correspondant à un fait de l’année, que l’on se
doit d’acheter dans sa version métal, argent ou même or ; c’est le billet
d’entrée qui finance en partie les cliques. Et gare à celui qui ne la porterait
pas bien en vue sur lui, il sera pris à partie (avec humour mais fermeté !)
par l’un ou l’autre des passagers des chars ! Ce même soir du premier jour,
dès 19h30, on ira de cafés en cafés, là où les groupes se réunissent pour présenter
et chanter leurs couplets satiriques, les Schnitzelbänke – l’un des moments les
plus appréciés des Bâlois, qui se délectent en connaisseurs des piques
adressées aux personnalités de la ville, du pays et du monde. Gare à celui qui
aura eu un comportement critiquable durant l’année : il sera durement
critiqué, avec cet humour si typiquement bâlois. La fête prend un tour plus
intime, réparties dans de plus petites structures, chaque groupe ayant plus ou
moins réuni ses supporters dans ses locaux, salle de café ou cave, décorés par
de grands posters reprenant les thèmes choisis par le groupe en question. Dans
ces moments de plus grande proximité avec les groupes, on peut mieux apprécier
toute la verve satirique et parfois la virulence de ce qui fait l’essence même
du Carnaval : la critique sociale et les attaques plus ou moins sévères
contre les personnalités qui auront fait parler d’elles pendant l’année écoulée.
Le mardi, c’est
le Carnaval des enfants. Un grand cortège les rassemble, ils défilent en
costumes, presque aussi impressionnants que les adultes, avec ces fameux
masques qui tous portent la marque très facilement reconnaissable de ce grand
carnaval. Les enfants sont poussés par leurs parents, ils forment la relève,
c’est ainsi que la tradition se perpétue. Puis c’est l’exposition des lanternes
et, en fin de journée, le Gässle : par groupes de deux ou trois, des joueurs
de fifres costumés parcourent les petites rues de la vieille ville en jouant.
Le mardi se termine par un grand concert des Guggenmusik sur les principales
places de la vieille ville, comme la Markplatz, la Barfüsserplatz et la
Claraplatz - une belle occasion d’entendre et de voir l’ensemble de ces groupes
aux costumes colorés, chaque joueur d’une clique portant le costume propre à
cette clique, avec à la tête du groupe un meneur, sorte de tambour-major, qui
rythme la musique avec son bâton !
Le dernier jour
du Carnaval, le mercredi, dernier grand cortège l’après-midi avec l’ensemble
des cliques, et tout se termine par un immense défilé des carnavaliers qui
durera jusqu’au jeudi à 4 heures. Ainsi, en exactement 72 heures, tout aura été
fait et dit. A midi ce jeudi là, la ville aura été totalement nettoyée des
tonnes de confettis, la vie normale pourra reprendre, la folie annuelle est
terminée. Mais dès le lendemain, les groupes se réunissent à nouveau pour faire
le point, et surtout pour commencer à préparer le carnaval de l’année suivante.
A Bâle, on ne badine pas avec ces traditions !
Le Morgenstreich
Lanternes
La Blaggedde 2012
Le Waggis, le cousin alsacien
Le cortège du lundi
Fournisseurs de confettis !
Distribution des Schnitzelbank
Clique
Ambiance en ville
Vers le repos dans les cafés
Déclamation des Schnitzelbank
Gässle: fifres dans les ruelles
La relève de demain est prête !
Photos de Mme Marie-Claire Cherpin, 2012
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