mercredi 31 juillet 2013

Séance du 11 juin 2013


Nouvelle-Zélande : Îles du Nord et du Sud
Par Daniel Courvoisier

Parti pour trois semaines, en février 2012, avec un groupe, Daniel Courvoisier a parcouru quelques-uns des sites les plus marquants de deux grandes îles (et même de quelques plus petites) qui constituent la Nouvelle Zélande. Attiré à la fois par les volcans et la photographie en trois dimensions, il a ramené avec lui les éléments d’une présentation d’une grande richesse, qui a su nous tenir en haleine autant par la beauté des paysages que par la virtuosité technique de leur restitution en 3D. Après une première présentation sur le Kirghyzistan, puis une deuxième sur les volcans du Guatemala, il nous a emmenés une nouvelle fois découvrir le monde à travers les lunettes magiques de la 3D. Il faut bien convenir que cette forme de vision est toujours aussi « bluffante ».

Île du Nord

 
Carte de l’Île du Nord
La première partie de son récit concerne l’Île du Nord, la plus riche en manifestations volcaniques. Après une arrivée à Auckland et une visite de la ville et notamment de son musée riche en objets aborigènes, le voyage se poursuivra par une excursion sur White Island, vers les sites volcaniques du centre, vers le Parc National de Tongariro, pour finir à Wellington, la capitale, située au sud de l’Île du Nord.


 
Auckland
Auckland est une ville moderne, de plus d’un million d’habitants, bien connue des Suisses pour les épreuves de la Coupe de l’America qui s’y déroulèrent. Sur cette image, on voit en premier plan un ancien cratère situé juste aux abords de la ville.

Volcan Rangitoto
On aperçoit au loin, dans le golfe d’Hauraki, le volcan Rangitoto, le plus jeune et le plus grand, formant un rappel de l’intense activité volcanique qui eu lieu dans toute la région ces 1000 dernières années. Les éruptions de ce volcan avaient détruit une bonne partie des établissements maoris voisins.
White Island
White Island est une petite île située à 48 km des côtes, qui forme la partie émergée d’un volcan sous-marin. L’accès est difficile, et seuls des canots pneumatiques permettent d’aborder.

White Island
Dans le fond du cratère, des éruptions soufrées avaient permis un temps l’exploitation du soufre, mais une explosion qui tuant de nombreux ouvriers mit fin à une telle exploitation.

White Island
Après une petite promenade dans le cratère lui-même et l’observation des dégagements de fumée, il est temps de repartir. De loin, l’île prend l’allure d’un vrai volcan actif !

Rotorua
La petite ville de Rotorua, connue pour quelques beaux exemples de son architecture du XIXe siècle, est située au bord du lac du même nom, et forme un centre touristique important en raison des nombreuses activités volcaniques dans la région (geysers, mares de boues chaudes).

Caldeira de Rotorua
C’est la caldeira d’un immense volcan actif il y a quelque 240'000 ans qui a permis la formation du lac de Rotorua, au bord duquel la petite ville s’est développée.


Parc de Te-Puia
Ce parc contient plusieurs grands geysers et des mares de boues chaudes, très spectaculaires.

Vallée  volcanique de Waimangu
Dans la zone volcanique de Taupo se situe la vallée de Waimangu, dans laquelle on trouve diverses manifestations de l’activité volcanique, telle la formation de ce lac aux eaux d’une couleur turquoise si intense, ou plus loin de la Champagne Pool, aux eaux couleurs cuivrées.

Usine géothermique entre Rotorua et Taupo
La forte activité géothermique de toute la région a permis de créer une usine capable de capter la chaleur émise par les flux d’eaux chaudes souterraines et de la transporter sous forme de vapeur vers les localités voisines comme source d’énergie.

Lac Taupo
La lac Taupo, le plus grand de Nouvelle-Zélande, est lui aussi formé par la caldeira du plus grand des volcans de l’Île du Nord. Ce volcan a explosé il y a environ 25'000 ans, provoquant la plus grande explosion volcanique (connue) depuis 70'000 ans.

Parc National de Tongariro
La Parc National de Tongariro, d’une surface actuelle de près de 800 km2, a été le premier parc national créée en Nouvelle-Zélande, et le 4ème parc national créé dans le monde. Il figure dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ses points forts sont un ensemble de trois volcans et une flore d’une grande variété et originalité.

Dans le Parc National de Tongariro

Dans le Parc National de Tongariro

Dans le Parc National de Tongariro

Entre Tongariro et Wellington
Les rivières creusent des vallées profondes et encaissées dans le sol formé par les rejets volcaniques, comme on peut le voir sur cette photo.

Mont Ruhapehu
Sur cette photo du Mont Ruhapehu, l’un des volcans du Parc National de Tongariro, on voit une petite plaine formée par un déversement de laves provenant de la formation d’un « lahar » : lors d’une éruption précédente, un barrage de cendres forme un lac, et quand ce barrage cède, les cendres qui sont entraînées forment ce lahar dévastateur. La végétation reprend assez vite le dessus, mais les dégâts initiaux sont dévastateurs.

Pont qui avait été détruit par un lahar
Sur cette photo, le pont de chemin de fer avait été détruit le 24 décembre 1953 par un lahar. Le conducteur du train arrivant peu après n’avait pas pu stopper le convoi à temps, entraînant la mort de 151 personnes.

Baie de Wellington
La visite de l’Île du Nord se termine à Wellington, la capitale de la Nouvelle-Zéloande, peuplée de quelque 180'000 habitants (à comparer avec  Auckland, la capitale économique, qui compte elle plus de 1'200'000 habitants !). Pas étonnant que cette photo ait un air aussi provincial.

Île du Sud

Carte de l’Île du Sud
Le parcours à travers l’Île du Sud commence par la péninsule d’Otago, sur la côte est, et se poursuit par l’Île Stwart tout au sud, l’île Ulva, le Parc National de Fjordland, puis le retour par le centre de l’île, par Queenstown, vers le lac Pukaki, le Mont Saint John, pour atteindre enfin Christchurch, d’où s’envolera l’avion du retour vers la Suisse.


Péninsule d’Otago
La péninsule d’Otago forme une longue bande de terre parallèle au rivage, à l’est de Dunedin. Elle offre des paysages superbes et constitue une protection naturelle pour le port d’Otago. On y trouve notamment la seule colonie d’albatros sur une île habitée.

Péninsule d’Otago
Plage avec des lions de mer de Nouvelle-Zélande.

Péninsule d’Otago
Cette région a été initialement colonisée par des Ecossais au début du XIXe siècle.

Stewart Island
L’Île Stewart est la troisième plus grande des îles de Nouvelle-Zélande, située tout au sud de l’Île du Sud.

Stewart Island
Lors d’une excursion en mer, il fut possible d’observer nombre d’oiseaux marins, comme ce superbe albatros.

Ulva Island
L’île d’Ulva est une petite île au large de l‘île Stewart, très isolée mais néanmoins facile d’accès, qui constitue un véritable sanctuaire pour la faune et pour la flore. On y trouve notamment de beaux exemples de forêt primaire, certaines ayant les caractéristiques des forêts de la pluie (rainforest) en zone tempérée.

Ulva Island
Champignons sauvages dans une forêt primaire de l‘île d’Ulva.

Fiordland National Park
Le Parc National de Fiordland se trouve sur la côte sud-ouest de l’Île du Sud. C’est le plus grand des parcs nationaux de la Nouvelle-Zélande, et il tire son nom de la présence de profonds golfes qui rappellent très précisément les fjords de Norvège.

Fiordland National Park
Les points forts sont essentiellement les paysages, cependant difficiles d’accès, uniquement par bateau.

Fiordland N.P. Doubtful Sound


Carte de Queenstown à Christchurch
La fin du voyage se fera de Fiordland N.P. vers le centre de la l’île, à Queenstown, puis vers les grands lacs Pukaki et Tekapo, avec le Mount John et son observatoire, avant de rejoindre Christchurch pour le vol de retour.

Queenstown
La petite ville de Queenstown ressemble à celles du centre de l’Ecosse : pas étonnant, cette région de la Nouvelle-Zélande ayant été développée par des colons écossais.

Lake Pukaki
C’est l’un des grands lacs du centre de l’Île du Sud, dans son écrin de montagnes, avec cette couleur turquoise si caractéristique.


Mount John Observatoire
Entre le lac Pukaki et le lac Tekapo se trouve le Mont John, avec son observatoire de recherche  de l’Université de Canterbury. Des tours sont organisés pour des visites de nuit, pendant l’activité des chercheurs, mais il n'a pas été possible d'y participer.

Lake Tekapo
 Le Lac Tekapo est le second en dimensions des trois lacs du Mackenzie Basin, soit les lacs Pukaki, Tekapo et Ohau). Un réseau hydroélectrique complexe a été construit depuis la fin de 2e Guerre Mondiale, et un canal relie maintenant le lac Tekapo au lac Pukaki pour réutiliser l’eau dans les usines hydroélectriques.

Après un retour à Christchurch, ce sera le moment du quitter cette Île du Sud, qui apparaît, selon les photos présentées, comme plus sauvage que l’Île du Nord et ses nombreuse manifestations volcaniques. Ce que ce voyage ne nous aura pas montré, par contre, c’est toute la culture maori (hormis une brève présentation d’un musée à Auckland, dont les photos n’ont pas été reprise dans ce compte-rendu). La 3D a particulièrement bien mis en valeurs les scènes animales et végétales, ainsi que les fjords de l’Île du Sud. Comme toujours, les photos reprises sur ce blog ne sont qu’un choix parmi toutes celles qui constituèrent la présentation elle-même, un choix fait par le rédacteur du blog, selon ses propres réactions face à l’abondance initiale des photos, et qui peut ne pas forcément représenter exactement les goûts et les sentiments que l’auteur de la présentation a eus lors de son voyage.

jeudi 11 juillet 2013

Séance du 14 mai 2013


Ouzbékistan – au cœur de l’empire de Tamerlan
Par Jean-Marc Meyer


« En Ouzbékistan, seul le passé est aussi imprévisible que l’avenir… » Proverbe ouzbèque

Nous fîmes ce voyage de 11 jours avec un groupe de 22 personnes à fin septembre 2012. C’était notre première expérience d’un voyage organisé. Il nous emmena de Tashkent à Khiva en avion, puis, par la route, à Bukhara, Samarkand, Shakhrisabz, pour terminer à Tashkent.


00 Carte du pays et du voyage

La république d’Ouzbékistan est indépendante depuis 1991, c’est-à-dire dès l’effondrement de l’empire soviétique. Le dernier président de la République Socialiste Soviétique d’Ouzbékistan, Islam Kadirov, a été élu président de la nouvelle république en 1991 et constamment réélu depuis. Il dirige le pays d’une main ferme. L’Ouzbékistan est grand comme dix fois la Suisse, compte 30 millions d’habitants, en grande majorité des musulmans sunnites. La pays était autrefois un passage obligé pour les caravanes de la route de la soie et pour celles remontant de l’Inde vers la Russie et le nord de l’Europe. Culturellement, c’est le seul pays d’une aussi grande richesse dans toute l’Asie Centrale.


01 Tamerlan

L’empereur Tamerlan (Amir Temur) est né en 1336 à Shakhrisabz, à une soixantaine de kilomètres de Samarkand. Il fit de Samarkand le centre de son empire, qui s’étendait de l’Anatolie à la Chine, et de la Russie à l’Afghanistan et au Pakistan. Il mourut en 1405, à l’âge (canonique pour l’époque) de 69 ans. Il fut l’un des grands constructeurs de Samarkand. Trois grandes statues le représentent : debout à Shakhribsaz, conquérant à cheval à Tashkent, et assis dans sa capitale de Samarkand.


02 Tashkent Musée Amir Temur

Le premier jour est marqué par une brève visite de la capitale, où nous découvrons notamment, dans le vieux Tashkent, le quartier des édifices musulmans et la grande place Khast- Imam, avec la petite et très ancienne mosquée Telia Cheikh, qui contient le grand Coran d’Osman, probablement le plus ancien du monde.


03 Tashkent Mosquée Tellia Cheikh à droite

En fin de journée, nous nous envolons pour Urgench, dans le nord-ouest du pays, d’où nous rejoignons l’ancienne cité de Khiva. La plus intacte et la plus reculée des villes sur la route de la soie, elle était le siège du khanat de Khiva. Cité médiévale et esclavagiste, son extraordinaire état de conservation permet de se replonger facilement dans le passé et d’imaginer ce que fut la vie dans cette oasis du désert il y a plusieurs siècles. Le dernier khan abdiqua sous la pression des Soviétique en 1920.


04 Khiva Minaret Kalta Minor


05 Khiva Minaret Islam Khodja

Le mélange de la terre cuite et des céramiques bleues et vertes confère à la ville une remarquable unité.


06 Khiva Artisans

Au détour des ruelles où bien sûr, toute circulation automobile est interdite, on rencontre nombre d’artisans qui ne protestent jamais quand on les observe ni quand on les photographie.


07 Khiva Mosquée Djouma


08 Khiva Harem du palais Tach-Khaouli

En passant les portes des mosquées ou des palais, on découvre des véritables trésors, comme l’extraordinaire construction en bois de la mosquée du vendredi (Djouma), ou les somptueuses mosaïques qui ornent le harem du Palais Tach-Khaouli (vers 1830). Les quatre grands iwans au sud de la cour sont ceux du khan et de ses trois épouses, et  de l’autre côté de la cour se trouvaient les servantes et concubines.

Mais il faut quitter ce monde endormi et quasi irréel pour rejoindre par la route la grande ville de Bukhara. Il faudra presque 10 heures de route pour parcourir les 450 km, tant l’état de la route est catastrophique. Aussi chaque détail du parcours à travers le grand désert de Kyzyl Koum a-t-il son importance.


09 Sur la route de Bukhara Traversée de l’Amou Daria

L’arrivée à Bukhara est une vraie récompense après ce trajet éprouvant : le coucher du soleil dans le cœur de la vieille ville. La petite place entre la mosquée Kalon et la médersa (école coranique) Mir-i-Arab que domine l’imposant minaret Kalon éclate de la lumière dorée du soir.


10 Bukhara Minaret Kalon

Du sommet de ce minaret au beau décor de briques savamment disposées, on précipitait les condamnés à mort. Les mœurs étaient bien différentes des nôtres !


11 Bukhara Le vieux bazar

Point de croisement des différentes pistes de la Route de la Soie, Bukhara vivait richement du commerce créé par les caravanes. Les constructions élaborées de la vieille cité en témoignent, comme les quatre pavillons qui structurent les souks de la ville, ou les nombreux caravansérails de la ville ancienne.


12 Bukhara Liab-i-Haouz

Richesse suprême dans ce pays quasi désertique, l’eau de ce petit lac en plein centre ville, avec la fraîcheur de l’ombre offerte par les quelques arbres qui l’entourent, apporte beauté et détente. Les clients du café avec sa terrasse ombragée ne diront pas le contraire.


13 Bukhara Tchor Minor

Des nombreuse mosquées de Bukhara, Tchor Minor, avec ses quatre minarets tous différents, en est peut-être la plus inhabituelle. Elle se trouve dans un quartier très calme, et dans la chaleur de ce début d’après-midi, elle avait pour nous une allure toute particulière,


14 Bukhara Forteresse de l’Ark

Les émirs de Bukhara firent tous de la forteresse de l’Ark leur résidence et le symbole de leur puissance. La porte principale ouvre sur le Régistan, la grande place où se tenait le grand marché de la ville. Les murailles sont en cours de restauration, de même que l’intérieur de la forteresse, dont l’accès était interdit ce jour-là. De vieilles photos donnent une très bonne idée de ce qu’était la vie les jours de marché, au pied de la forteresse.


15 Bukhara Mosquée Bolo-Haouz

Face à la forteresse de l’Ark se trouve l’étonnante mosquée Bolo-Haouz, avec son grand auvent protégeant toute la façade, soutenu par ces fines colonnes de bois sculpté qui se reflètent dans une pièce d’eau verdâtre. Tout cela dégage une grande impression de calme, propice au recueillement et à la prière. Quand on regarde cette façade, on tourne le dos au boulevard et à la circulation, un vrai moment de paix intérieure, plus fort que dans la mosquée elle-même.


16 Bukhara Palabre

De la mosquée Bolo-Haouz, nous sommes partis à pied pour voir la fontaine de Job et le grand marché moderne. En route, nous passons devant un boucher en plein air qui débite un quartier de bœuf à même la rue, et sur la grande place devant le mausolée construit sur l’antique fontaine de Job, nous ne pouvons manquer d’être saisis par le spectacle de ces vieux hommes réunis sous l’un des rares arbres fournissant une ombre suffisante, pour la palabre quotidienne. Ils acceptent avec un grand sourire ma demande de pouvoir les photographier.


17 Bukhara Mausolée d’Ismaïl Samani

Dans le parc voisin, nous découvrons le mausolée d’Ismaïl Samani, petit cube de briques aux parfaites proportions construit au début du Xe siècle. Au-delà de la première impression créée par la symétrie, il faut s’approcher des colonnes plantées aux quatre coins et des portes pour admirer la virtuosité des constructeurs qui jouent avec les briques de terre cuite pour créer des décors d’un grand raffinement. A l’intérieur, les tombeaux de la dynastie samanide semblent rangés dans un certain désordre, mais leur grande simplicité (un bloc de marbre blanc) laisse aisément monter le regard vers la voûte du plafond où là encore le travail de la brique est admirable. Ce pure joyau nous est parvenu intact depuis le Xe siècle, et c’est le plus ancien monument de la ville.


18 Bukhara Résidence de Faizullah Khodjaiev

Pour terminer notre visite de Bukhara, nous visitons une riche demeure d’un commerçant du XIXe siècle, située un peu en dehors du centre ville. Elle était le lieu de naissance et la résidence de Faizullah Khodjaiev, un communiste de la première heure qui fut le premier président de la République Socialiste Soviétique d’Ouzbékistan dans les années trente. Il fut condamné à mort par Staline pour avoir critiqué la politique de culture intensive du coton imposée par Moscou, et exécuté en 1938. Quand on pénètre dans cette vaste demeure familiale, on ne peut qu’être frappé par l’opulence dans laquelle vivaient quelques riches familles de Bukhara. Transformée en musée, elle permet de découvrir les détails d’un intérieur entièrement préservé, depuis les chambres des jeunes enfants aux grandes salles de réception très richement ornées. Une animation par une jeune guide permet de comprendre comment les hommes et les femmes s’habillaient au XIXe siècle, avec des vêtements en couches multiples, avec des codes vestimentaires, et surtout les gros voiles qui masquaient complètement les femmes, obligées de marcher à 6 pas derrière leur mari…

Après avoir passé deux nuits  à Bukhara, nous reprenons la route en milieu d’après-midi pour rejoindre Samarkand. Si Khiva est comme une capsule des temps passés qui nous est arrivée quasi intacte, Bukhara a eu la chance de conserver une vieille ville à l’intérieur des remparts, où la circulation automobile est interdite et où les constructions modernes ont été repoussées à l’extérieur des remparts. Ainsi un premier cercle est constitué par les habitations de l’époque de la « colonisation » russe au XIXe siècle, et encore au-delà, on trouvera les bâtiments plus sinistres et plus délabrés de la période soviétique, mélangés avec ceux construits depuis l’indépendance en 1991. Le cœur de la ville est intact, les bâtiments ont tous une magnifique unité de style, et cela permet de mieux imaginer ce que fut la vie au temps des caravanes de la Route de la Soie.




19 Samarkand Nécropole Chah-i-Zinda

La découverte de Samarkand, l’ancienne capitale de Tamerlan (ou Amir Temur), commence par une visite à la nécropole de Chah-i-Zinda. Sur une colline, une série de mausolées décorés des plus belles céramiques se pressent le long d’une allée étroite. Au-delà, sur la colline poussiéreuse, des tombes plus modestes sont réparties dans un grand espace. La montée raide des premiers escaliers vers l’allée principale amène à un arc au-delà duquel se pressent, de chaque côté de l’allée, serrés les uns contre les autres, les différents mausolées. Façades aux céramiques éclatantes, intérieurs plus ou moins décorés, ce n’est qu’une suite d’émerveillements.


20 Samarkand Mosquée Bibi-Khanoum

Sur une autre colline, à côté du grand bazar central, se dresse le très grand complexe de la mosquée de Bibi-Khanoum : un grand quadrilatère arborisé avec un grand piédestal en pierre pour le coran, une entrée monumentale, deux petites mosquées latérales et la grande mosquée face à l’entrée. Construit par Tamerlan, cet ensemble impressionne par son ampleur.


21 Samarkand Reghistan

Autre point fort de Samarkand, le Reghistan. Soigneusement restauré, il forme l’ensemble le plus grandiose de toute l’Asie Centrale. La grande place est bordée au fond par la médersa Tilia Kari, à gauche par la médersa d’Ulug Beg (le grand savant astronome de Samarkand) et à droite par la médersa Chir Dor, avec sa mosaïque aux deux tigres en haut de la façade. La lumière joue avec les couleurs des façades, et il faut pouvoir revenir à différentes heures pour apprécier la richesse et la grandeur incroyables de cet ensemble. On ne se lasse jamais de contempler ce groupe de médersas toutes plus imposantes les unes que les autres, avec leur façade couverte de mosaïques et leur grand dôme d’un bleu turquoise intense. Le Reghistan, c’est en quelque sorte la signature de Samarkand.


22 Samarkand Gour Emir

Plus loin se dresse le mausolée de Tamerlan: le Gour Emir. Un premier portail monumental, un petit parc, un second portail flanqué de deux hautes colonnes décorées de céramique, puis le cylindre central surmonté de son dôme aux fines cannelures en céramique. Un ensemble d’une beauté impressionnante. A l’intérieur, quelques tombes, dont l’une, pas la plus grande mais de pierre sombre, est celle de l’empereur Tamerlan.


23 Col de Takhtakaratcha vers Shakhrisabz

Le lendemain, nous partons avec une colonne de voitures (les bus sont interdits sur cette route de montagne jugée trop dangereuse) vers la ville natale de Tamerlan : Shakhrisabz. Pour cela, il nous faut franchir une petite chaîne de montagne par le col de Takhtakaratcha, à 1675 m. Avec son petit marché de noix, de fruits et de fromages séchés, il paraît bien innocent. C’est pourtant par là que les troupes soviétiques sont passées en 1979 pour aller envahir l’Afghanistan.


24 Shakhrisabz Ak Seraï Le Palais Blanc

Outre une grande statue en pied (moderne) de Tamerlan, se dresse dans sa ville natale les ruines monumentales de son Palais Blanc (Ak Seraï), avec des tours de 65 mètres de haut. Il avait le sens de la grandeur ! Le reste de la ville est sans grand intérêt, si ce n’est le coup d’œil sur lal vie d’une petite ville d’Asie Centrale : marchandes accroupies devant leur étal, boucherie en plein air, costumes colorés, petits mausolées, dômes turquoise ou bleus.


25 Retour de Shakhrisabz

Sur la route du retour vers Samarkand, on voit des paysans avec leur âne, des enfants jouant au bord de la route, des marchands de fruits, et cet étonnant groupe de femmes revenant d’une corvée de bois.

Le lendemain matin, nous quitterons le grand caravansérail soviétique qui nous a servi d’hôtel et nous reprendrons la route vers la capitale Tashkent. L’occasion de voir les groupes attendant un petit bus le long de la route, les étals de fruits, un troupeau de moutons bruns, quelques antiques tracteurs survivants de l’époque soviétique, et le chantier de construction de la ligne à grande vitesse Tashkent-Samarkand !


26 Tashkent Place Amir Temur

Une dernière visite au musée national, un petit tour en métro, si semblable à ses cousins de Saint-Pétersbourg ou de Moscou (les fastueux décors en moins !), et une marche à travers la ville, de la place Amir Temur en direction de l’hôtel. Réveil avant l’aube pour affronter les multiples contrôles à l’aéroport – et c’est, trop vite, le retour vers Istanbul et Genève.

Sans prétendre avoir découvert l’Ouzbékistan comme l’avait fait Ella Maillart avant la Seconde guerre mondiale, mais avec cette fopis-ci tout le confort psychologique d’un groupe fortement encadré par une guide russe et un guide local ouzbèque, nous sommes entrés en contact avec cette Asie Centrale si mystérieuse, nous avons humé le parfum d’une histoire somptueuse et si mal connue, nous avons rêvé de la vie des caravanes, nous avons vibré aux évocations des princes et des savants d’une vie de cour si riche et parfois si cruelle ! Pour tout cela, l’Ouzbékistan est une destination indispensable pour tous ceux qui veulent sortir des routes connues de l’Europe et se plonger dans un tout autre monde.