mardi 23 octobre 2012


Séance du 9 octobre 2012

Le Carnaval de Bâle
Par Mme Raymonde Wagner

Du lundi 27 au mercredi 29 février 2012 s’est déroulé le traditionnel Carnaval de Bâle. Parmi les grands carnavals d’Europe (Binche en Belgique, Venise, Cologne), celui de Bâle est peut-être celui qui possède les plus fortes traditions. Rien à voir avec les grandes fêtes de la Nouvelle Orléans ou de Rio de Janeiro : ici, c’est la tradition qui impose un déroulement particulier, et la vie locale qui donne les « sujets » des déguisements, des lanternes colorées et des pamphlets satiriques en vers, les Schnitzelbänke que l’on distribue à la foule. La fête débute le lundi, sur le 4ème coup de quatre heures, sur la Marktplatz : c’est le Morgenstreich. Soudain, comme par magie, arrivent sur la place par toutes les rues voisines les différentes Guggenmusik (les cliques), au rythme des fifres et des tambours. Tout ce joyeux désordre envahi le terrain, et chacun semble trouver sa place. On découvre alors les nouvelles couleurs, les costumes des cliques, les thèmes des lanternes peintes. Cette première partie va durer jusque vers 7 heures, le moment de se retrouver dans les cafés pour une collation avant de partir prendre un peu de repos. Ce même jour, à 13h30 , commence le grand cortège à travers la ville. A la lumière du jour, on peut revoir plus clairement les différents groupes et les chars, les quelque 12000 participants, et se laisser couvrir de confettis. Certains personnages typiques de ce carnaval, comme le Waggis, prototype du voisin alsacien que l’on adore critiquer, reviendront ainsi chaque année. Autre élément important : la Blaggedde (ou « plaquette »), éditée chaque année sur un thème différent correspondant à un fait de l’année, que l’on se doit d’acheter dans sa version métal, argent ou même or ; c’est le billet d’entrée qui finance en partie les cliques. Et gare à celui qui ne la porterait pas bien en vue sur lui, il sera pris à partie (avec humour mais fermeté !) par l’un ou l’autre des passagers des chars ! Ce même soir du premier jour, dès 19h30, on ira de cafés en cafés, là où les groupes se réunissent pour présenter et chanter leurs couplets satiriques, les Schnitzelbänke – l’un des moments les plus appréciés des Bâlois, qui se délectent en connaisseurs des piques adressées aux personnalités de la ville, du pays et du monde. Gare à celui qui aura eu un comportement critiquable durant l’année : il sera durement critiqué, avec cet humour si typiquement bâlois. La fête prend un tour plus intime, réparties dans de plus petites structures, chaque groupe ayant plus ou moins réuni ses supporters dans ses locaux, salle de café ou cave, décorés par de grands posters reprenant les thèmes choisis par le groupe en question. Dans ces moments de plus grande proximité avec les groupes, on peut mieux apprécier toute la verve satirique et parfois la virulence de ce qui fait l’essence même du Carnaval : la critique sociale et les attaques plus ou moins sévères contre les personnalités qui auront fait parler d’elles pendant l’année écoulée.

Le mardi, c’est le Carnaval des enfants. Un grand cortège les rassemble, ils défilent en costumes, presque aussi impressionnants que les adultes, avec ces fameux masques qui tous portent la marque très facilement reconnaissable de ce grand carnaval. Les enfants sont poussés par leurs parents, ils forment la relève, c’est ainsi que la tradition se perpétue. Puis c’est l’exposition des lanternes et, en fin de journée, le Gässle : par groupes de deux ou trois, des joueurs de fifres costumés parcourent les petites rues de la vieille ville en jouant. Le mardi se termine par un grand concert des Guggenmusik sur les principales places de la vieille ville, comme la Markplatz, la Barfüsserplatz et la Claraplatz - une belle occasion d’entendre et de voir l’ensemble de ces groupes aux costumes colorés, chaque joueur d’une clique portant le costume propre à cette clique, avec à la tête du groupe un meneur, sorte de tambour-major, qui rythme la musique avec son bâton !

Le dernier jour du Carnaval, le mercredi, dernier grand cortège l’après-midi avec l’ensemble des cliques, et tout se termine par un immense défilé des carnavaliers qui durera jusqu’au jeudi à 4 heures. Ainsi, en exactement 72 heures, tout aura été fait et dit. A midi ce jeudi là, la ville aura été totalement nettoyée des tonnes de confettis, la vie normale pourra reprendre, la folie annuelle est terminée. Mais dès le lendemain, les groupes se réunissent à nouveau pour faire le point, et surtout pour commencer à préparer le carnaval de l’année suivante. A Bâle, on ne badine pas avec ces traditions !

Mme Wagner a su nous faire partager merveilleusement ce moment de fête exceptionnel, car elle le connaît particulièrement bien, ayant passé un partie de son enfance à Bâle.


Le Morgenstreich

Lanternes


La Blaggedde 2012

Le Waggis, le cousin alsacien


Le cortège du lundi



Fournisseurs de confettis !

Distribution des Schnitzelbank


Clique

Ambiance en ville

Vers le repos dans les cafés



Déclamation des Schnitzelbank

Gässle: fifres dans les ruelles

La relève de demain est prête !

Photos de Mme Marie-Claire Cherpin, 2012