mardi 5 juin 2018

Séance du 9 janvier 2018

Quelques pas sur le chemin de Saint-Jacques
par Françoise Malleroff


C'est en avril 2008 que Françoise Malleroff se lance dans son aventure personnelle: quelques pas sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Elle choisit de partir depuis le Mont de Sion, sur le chemin vers le Puy en Velay. Dans une première longue étape, elle descendra jusqu'à Espalion, au-delà du Puy et peu avant Conques. Pour diverses raisons, elle décide alors de revenir à Genève au moyen des transports publics. Après quelques jours de remise en ordre, elle prend le train pour Rorschach, au bord du lac de Constance, d'où elle entreprendra un long retour à pied vers Genève en suivant la Via Jacobi, le chemin de Compostelle en Suisse.    


Cet escargot représente pour elle ses performances sur le chemin de Saint-Jacques

Des chemins convergent de toute l'Europe vers Saint-Jacques de Compostelle, avec une concentration au pied des Pyrénées. C'est le chemin provenant de Hongrie, à travers l'Autriche et la Suisse, que choisira l'auteure.

La partie française. - La première partie du chemin, depuis le Mont-de-Sion et jusqu'au Puy-en-Velay, 340 km en 18 jours, sera faite seule. Une amie partagera le trajet depuis le Puy jusqu'à Aumont-Aubrac, en Lozère, soit 90 km en 7 jours. Puis ce sera de nouveau la solitude jusqu'à Espalion, au bord de l'Averyron, où la décision est prise de revenir à Genève, après 96 km parcourus en 5 jours.


La totalité du trajet de la partie française, du Mont-de-Sion jusqu'à Espalion, représente un total de 526 km effectués en 31 jours.


Le départ au col du Mont-de-Sion


Le Rhône vers Culoz


Chanaz et le canal de Savière


Saint-Genix sur Guiers


Nuit passée en bordure de forêt, à la Ferme du Futeau, l'un des hébergements typiques trouvés le long du Chemin


L'église de Saint-Julien-Chapteuil avec son fronton en peigne


Arrivée au Puy-en-Velay, après 340 km en 18 jours


Vue plongeante depuis la grande porte de la Cathédrale Notre-Dame sur la rue des Tables. Tous les pèlerins partent par là, après la messe et le dépôt des voeux dans la cathédrale.


La route est rude, sous la pluie mêlée de neige et le vent


Au col de la Garde de Moutet, à 1030 m d'altitude. Le Chemin est bien balisé.


Dans la forêt, vers le Lac de l'Oeuf.


Chemin plat à Saint-Privat, et pentu et glissant à Rochegude


Monistrol d'Allier. Le bistrot du village offrira le gîte pour cette nuit-là.


Saugues. L'église romane et les parterres de genêts


La température baisse, il fait 10°, il faut sortir gants et bonnet.


Chanaleilles. L'église romane du XIIe siècle avec son clocher arcade


Eglise Saint-Roch, ancien hôpital du Sauvage. La neige est là.


D'autres randonneurs à Grazières-Mages. Peu après, ce sera Aumont-Aubrac d'où l'amie qui a fait le Chemin depuis Le Puy repart vers la Suisse. Il faut continuer seule.


Nasbinals, son église de style roman auvergnat et une très belle croix de fer forgé.


Un buron, ce type de granges qui parsème les prairies de l'Aubrac.


Eglise de Perse à Espalion


Le "crédential", le carnet de route que le pèlerin fait régulièrement tamponner le long du Chemin, pour marquer son passage.


L'Aveyron à Espalion. La météo s'annonce mauvaise, les pieds souffrent: la décision est prise de rentrer à la maison. Après 96 km parcourus seule en 5 jours, la partie française de l'aventure se termine ici. Les moyens de transport entre Espalion et Genève seront variés: taxi collectif, bus deux trains... Le parcours se fera en 11 heures 30.


De retour à Genève, un peu de remise en état est nécessaire ... pour les chaussures comme pour les pieds. Cette partie aura duré 31 jours, pour parcourir un total de 526 km.

La partie suisse. - Le repos est de courte durée: 3 jours suffisent à remettre les pieds en état et à refaire un sac. Départ en train pour Rorschach, où commence la partie suisse du Chemin de Compostelle, appelé ici Via Jacobi, ou sentier de grande randonnée numéro 4. 


Il existe plusieurs variantes du Chemin à travers la Suisse


La variante choisie sera celle par le col du Brunig et le lac de Thoune

Rorschach, au bord du lac de Constance.


Saint-Gall et son abbaye bénédictine fondée au VIIe siècle


Grimpée vers le pays d'Appenzell, avec ses belles maisons au décor raffiné


A Nieschberg, un tilleul centenaire invite à la contemplation d'un paysage verdoyant tout en rondeurs.


Schwellbrunn, choisi comme plus beau village de Suisse en 2017


La cueillette des cerises: 2 CHF le kg si on les cueille soi-même, et 3 CHF si c'est le paysan qui les cueille pour vous.


Après la traversée du Toggenburg, descente vers Rapperswil, traversée du lac de Zurich, puis remontée au-dessus de Pfäffikon (SZ) en direction d'Einsiedeln. Une amie rejoint Françoise Malleroff à Rapperswil.


A St-Meinrad, accueil chaleureux des pèlerin dans cette auberge qui sert de gîte.


Le Pont du Diable et le Sihlsee, un lac artificiel proche d'Einsiedeln


Sur la place devant l'abbaye d'Einsiedeln


Costumes traditionnels et façades décorées - on est bien en Suisse !


Après la traversée des zones marécageuses de Rothenturm, le passage à Sattel et à Schwyz, arrivée à Brunnen, au bord du lac des Quatre-Cantons


Traversée en bateau vers Beckenried, puis passage à Stans, avec son église St Pierre et Paul construite déjà au VIIe siècle.


Le Chemin passe au-dessus du lac de Sarnen, par Flüeli-Ranft, avec la maison natale de Saint Nicolas de Flüe.


Descente vers Sachseln, avant de remonter vers le col du Brunig, pour redescendre vers Brienz.


Brienz - le pays des sculpteurs sur bois.


Au bord du lac de Thoune


Depuis le lac, il faut remonter vers Amsoldingen, Wattenwil, St Antoni. C'est la Singine, avec ses très vieux chemins empierrés.


Dans la région de Schwarzenburg, la rivière Singine passe dans des gorges, où se faufile la Via Jacobi.


Le vieux pont de Sainte-Apolline (16e ou 17e siècle), près de Villars sur Glâne, que seuls les pèlerins cheminant sur la Via Jacobi empruntent encore.


Après Romont, ce sont les riches cultures de la Broye, comme ici à Lucens.


Enfin le lac Léman, ici entre Lausanne et Saint-Sulpice! L'aventure touche bientôt à sa fin.


L'église romane de Saint-Sulpice, tout au bord du lac.


Cheminements le long du lac


Après une nuit à Coppet chez des amis, l'occasion de revenir à Genève très tôt le matin, pour voir le premier soleil dorer les façades du Quai Wilson et pour écouter l'une des aubes musicales aux Bains des Pâquis. Pouvait-on imaginer plus belle fin pour cette aventure? La traversée de la Suisse sur la Via Jacobi aura représenté 397 km parcourus en 25 jours.

Si l'on additionne les deux tracés, français et suisse, effectués pratiquement dans la foulée, avec juste 3 jours de remise en forme à Genève, cela représente au total 923 km et 56 jours de marche, en grande partie parcourus seule. Une belle aventure à 70 ans ! On revient transformés par un tel effort et par toutes ces heures passées dans l'isolement d'un cheminement à la fois physique et spirituel.