mercredi 8 mai 2013

Séance du 9 avril 2013


Au pays des Ch’tis, des cathédrales gothiques et des mines

Par Charly Meyer et René Zwahlen

C’est à long voyage en zig-zag dans le Nord de la France que nous ont conviés Charly Meyer et René Zwahlen, partageant comme d’habitude leurs compétences dans la mise en valeur des images et dans un commentaire toujours très précis des sites et monuments présentés. Partant de Troyes, durant l’été 2012, ils vont remonter vers le Nord et la frontière franco-belge, pour ensuite piquer vers la Manche pour terminer à l’embouchure de la Seine au Havre. Un parcours savamment étudié, qui ne laisse aucune place à l’improvisation, puisqu’il semble que chaque lieu digne d’intérêt a été visité.

Troyes, en Champagne, possède une vieille ville aux magnifiques constructions  à colombages et quelques beaux édifices gothiques (cathédrale St Pierre et St Paul, église St Urbain). Plus au nord, la cathédrale Notre-Dame de Reims s’élève majestueuse au cœur de la ville, se souvenant du sacre de tous les rois de France du XIIe s. jusqu’à Charles X en 1824. La cathédrale Notre-Dame de Laon, dans le « plat pays », est l’une des plus anciennes cathédrales gothiques de France. Le chœur est marqué par une belle grille du XVIIe s. A Saint-Quentin, c’est l’Hôtel-de-Ville du XVIe s. en gothique flamboyant et son carillon de 37 cloches au sommet du campanile qui attirent l’attention. La basilique (collégiale de Saint-Quentin) a échappé de peu à une destruction totale pendant la première guerre mondiale. Au nord-est de Saint-Quentin, Bavay fut le lieu du plus grand forum romain des Gaules, sous le nom de Bagacum. Cet ancien nœud routier réunissait 7 chaussées qui filaient vers Utrecht, Boulogne ou encore Cologne. Pas étonnant que l’on y trouve tant d’entrepôts et de commerces. La basilique, qui n’avait rien de religieux à l’époque romaine, servait de lieu de réunion pour le tribunal.

En continuant vers le nord, on traverse la frontière belge pour atteindre Tournai. La cathédrale est encore fortement romane, avec une nef du milieu et des clochers de la fin du XIIe s. Le beffroi est le plus ancien de Belgique (vers 1187), avec un carillon de 44 cloches. Redescendant vers le sud, on trouve en territoire français  l’Abbaye de Vaucelles, établissement cistercien du XIIe s. dont l’église plus vaste que Notre-Dame de Paris a été détruite à la Révolution. Son scriptorium impressionnant a vu les moines copistes rassembler plus de 40'000 ouvrages. Un parc archéologique (l’Archéosite des Rues-des-Vignes) retrace dix siècles d’histoire depuis la période gallo-romaine jusqu’au Moyen-âge. En continuant vers l’ouest, on atteint Lewarde, centre minier dont une des dernières exploitations a été transformée en musée. Dans le Nord Pas-de-Calais, le gisement est entièrement souterrain, avec des veines de houille minces, plissées et profondes. Sur une surface de 100km x 10 km environ, à des profondeurs de 200 à 1000m, les problèmes techniques d’exploitation étaient nombreux. C’est le 1er janvier 1993 que les Houillères du Bassin du Nord Pas-de-Calais ont été dissoutes, avec tous les problèmes sociaux qui en découleront.

Remontée vers le Nord jusqu’à Lille, la capitale économique de la région. Nombreux sont les bâtiments qui témoignent de la prospérité de la ville au Moyen-âge et à la Renaissance, comme la Vieille Bourse, construite en 1653 par Julien d’Este pour rivaliser avec les bourses des grandes villes des Pays-Bas. La Maison de Gilles de Boé, l’église St-Maurice, l’Hospice Comtesse, la Porte de Paris, figurent parmi les beaux exemples de l’architecture du XVe au XVIIe s. qui marquent la ville. On y trouve aussi la maison natale de Charles de Gaulle, né en 1890. En piquant plein sud, on atteint Douai, dont le beffroi aux 62 cloches, symbole des libertés communales, couronné d’un lion des Flandres, fut construit entre 1386 et 1419. Au sud-ouest, Arras se distingue par une Grand’Place d’une superficie de 2 hectares, entourée d’un remarquable ensemble baroque flamand du XVe et XVIe s. En repartant vers le nord, on traverse à nouveau la frontière belge pour atteindre Ypres, importante cité drapière au Moyen-âge et à la Renaissance, dont on peut voir encore aujourd’hui la fameuse Halle aux Draps, bel exemple de la puissance des corporations (1220-1230). Retour en France en roulant vers l’ouest jusqu’à Dunkerque, au bord de la Manche, cité du corsaire Jean Bart et important port de commerce. Juste au sud-est de Dunkerque, Bergues, petite cité de quelque 3800 habitants, choisie par Dany Boon pour y situer son film à succès « Bienvenue chez les Ch’tis ». On y trouve encore une enceinte fortifiée en partie aménagée par Vauban et le fameux beffroi qui tient un rôle si important dans le film. Au sud-ouest, Saint-Omer possède avec sa cathédrale l’un des plus beaux édifices de la région, avec une horloge astronomique et un buffet d’orgues gigantesque. Plein ouest, et l’on arrive à Boulogne sur Mer, où Napoléon s’était préparé pour envahir l’Angleterre. Une basilique Notre-Dame dominée par un immense dôme (1827-1866), un château du XIIIe s., un port reconstruit après le guerre et vers le port, un centre océanographique : Nausicaa, qui rassemble plus de 11'000 animaux dans une suite de 36 bassins et aquariums. En suivant vers le nord la Côte d’Opale, avec ses magnifiques falaises, on atteint Calais, d’où partent sans interruptions les ferries vers l’Angleterre, malgré la présence de l’Eurotunnel sous la Manche tout proche.

Cette fois-ci, la direction générale sera le sud. En route, visite de l’Abbaye cistercienne de Valloires, en Baie de Somme, fondée au XIIe s. et reconstruite au XVIIIe s. Amiens possède une cathédrale Notre-Dame du XIIIe s. d’une belle homogénéité architecturale, malgré une différence de hauteur de ses deux tours qui lui donne un air un peu déséquilibré. La nef longue de 54 m est la plus haute de France (42.5 m) et forme le plus vaste édifice gothique, puisqu’elle pourrait contenir entièrement Notre-Dame de Paris. Le long de la route, le Château de Rambures fut une puissante forteresse conçue pour n’offrir aucune surface plane au tir de l’ennemi durant la Guerre de Cent Ans. Dieppe est la plage la plus proche de Paris, elle possède un port de pêche avec une flottille bien adaptée aux espèces fines comme les turbots, les bars et les soles. C’est aussi le premier port de France pour la pêche à la coquille Saint-Jacques. Juste au sud, dans les terres, le Château de Miromesnil, où naquit Guy de Maupassant. Fécamp, autrefois port de grande pêche à la morue, est admirablement situé dans l’ouverture d’un vallon, entre les imposantes falaises de la côte. Enfin, Le Havre, pour terminer ce long parcours de multiples découvertes : 2ème port de France, à l’embouchure de la Seine, bombardé plus de 140 fois durant la 2ème guerre mondiale. Dernière image, le pont de Tancarville, pont routier suspendu d’une portée principale de 960 m, qui enjambe la Seine depuis la fin des années cinquante.

Mêlant allègrement Moyen-âge et Renaissance, architecture gothique et constructions du 20ème siècle, ce parcours du Nord de la France nous a fait découvrir toute la diversité et la richesse d’une région encore trop peu connue.
(Les détails de ce texte proviennent des notes des auteurs)



La carte du parcours

 Troyes - Rue Champeaux

Troyes - Eglise St Urbain (XIIIe s.) 

Reims - Cathédrale Notre-Dame 

Laon - Cathédrale Notre-Dame 

 Saint-Quentin - L'Hôtel de Ville

 Saint-Quentin: transept de la cathédrale

 Bavay (ancienne Bagacum) - Entrepôts et commerces

 Tournai (Belgique) - La Cathédrale 

 Abbaye de Vaucelles, le Scriptorium

 Vaucelles, Rues-des-Vignes, le parc archéologique

 Centre minier de Lewarde

Lewarde, Musée de la Mine - Salle des Pendus

Lille, la Vieille Bourse 

 Arras, la Grand'Place

 Ypres, la Halle aux Draps

 Bergues, le vrai pays des Ch'tis

 Boulogne-sur-Mer, le château

 Falaises entre Boulogne et Calais

 Port de Calais

 Abbaye de Valloire

 Amiens, cathédrale Notre-.Dame

 Château de Rambures

 Falaises au sud de Dieppe

Château de Miromesnil 

 Fécamp

Le pont de Tancarville