lundi 7 décembre 2015

Séance du 13 octobre 2015

Les Sylvesterkläuse d'Urnäsch
par Jean-Marc Meyer

Les Sylvesterkläuse sont une très ancienne tradition du demi-canton d'Appenzell Rhodes-Extérieures AR. Nous décidons en janvier 2013 d'aller les découvrir avec deux couples d'amis. Il nous faudra pour cela traverser quasiment toute la Suisse. Nous profiterons sur le trajet aller de faire une halte à Burgdorf (Berthoud), au nord de Berne, pour visiter le musée Franz Gertsch.


De Genève en Appenzell en s'arrêtant à Burgdorf


Franz Gertsch est un de ces rares artistes possédant un musée pour exposer ses oeuvres de son vivant.

Il peint principalement des oeuvres monumentales avec uen minutie quasi photographique

La région d'Appenzell avec les principaux sites visités

Avant d'arriver à Appenzell (Rhodes-Intérieures, AI), nous faisons halte à Stein (AR) pour visiter la fromagerie de démonstration pour la fabrication du fameux fromage d'Appenzell dont le secret de son aromatisation par un mélange d'herbes est tenu strictement secret.



Nous arrivons à la nuit à Appenzell où nous séjournerons. Cette petite ville est charmante avec ses bâtiments joyeusement colorés et ses produits artisanaux traditionnels. 


 Une représentation miniature des Sylvesterkläuse


L'Hôtel de Ville d'Appenzell, le samedi matin

Nous nous mettons en route tôt le matin vers Urnäsch pour allez voir s'y produire les Kläuse. C'est un gros bourg sur la route d'Hérisau (capitale du demi-canton d'Appenzell Rhodes-Extérieures) vers le Toggenburg. En ce samedi 12 janvier 2013, la neige est bien présente mais heureusement le soleil brillera toute la journée, illuminant agréablement le spectacle des groupes costumés.



La tradition des « Sylvesterkläuse » existe depuis plus de deux siècles. Comme elle est perpétuée en Appenzell dans le demi-canton protestant (Rhodes-extérieures), elle tient également compte du calendrier julien, qui fixait la Saint-Sylvestre au 13 janvier. Les « Kläuse » se produisent donc deux fois: à la Saint-Sylvestre le 31 décembre, et à l’ « Alter Sylvester » le 13 janvier. En 2013, le 13 janvier étant un dimanche, les « Kläuse » se présentent le samedi, le 12 janvier. Malgré le nombre toujours plus important de touristes, cela reste un événement profondément ancré dans le cœur et l’âme des habitants d’Urnäsch. 

On distingue trois sortes de Kläuse: les Schöne (les beaux), comprenant les Wiiber (les femmes, toujours jouées par des hommes) et les Mannevölcher (les hommes). Les Wüeschte (les vilains) et les Scho-Wüeschte (les "beaux-vilains") représentent les esprits de la forêt. 

Schöne, avec une Wiiber et son immense coiffe décorée et ses grelots, et Mannevölcher avec sa grande coiffe plate et ses deux gros toupins autour du cou.

Groupe de Wüeschte

Des Scho-Wüeschte, avec leur coiffe plate décorée de motifs évoquant la forêt.

Schöne

Wüeschte

Scho-Wüeschte

Dès 6 heures le matin, quand il fait encore nuit, les premiers groupes commencent leur très longue journée de pérégrination d'une ferme à l'autre, et dans une région caractérisée par une multitude de fermes isolées, cela représente un réel efforts. Dans chaque ferme visitée, on s'arrête, on chante une sorte de jodel doux et chargé d'émotion, et on danse pour faire tinter les grelots et sonner les toupins.





Après les chants et les danses, le chef du groupe vient saluer le fermier, qui le remercie chaleureusement.

Les Wüeschte sont aussi bons chanteurs que les Schöne



Evidemment, ces efforts donnent soif et les paysans visités donnent volontiers à boire aux Kläuse, mais les masques ne facilitent pas la manoeuvre et il faut utiliser des tuyaux souples pour aspirer l'eau (et parfois quelque chose de plus revigorant!).



Quelques gros plans sur divers groupes, jeunes et moins jeunes, en pleine action ou pendant une pause bienvenue en milieu de matinée.







Les coiffes des Schöne sont en principe refaites chaque année et illustrent des scènes de la vie paysanne, voire de l'actualité locale.





En fin de matinée, le soleil fait resplendir un paysage hivernal magnifique.



Vient l'heure de midi - le temps d'un bon repas dans un des nombreux petits cafés d'Urnäsch ou dans des fermes accueillantes. Ce sera aussi l'occasion d'enlever les lourdes coiffes et les pesantes cloches.



Passer la porte du café avec la coiffe sur la tête n'est pas facile pour une Wiiber !

Le temps du repas est venu aussi pour les visiteurs, qui peuvent trouver toutes sortes de victuailles sur les stands dressés par les habitants devant chez eux, ou, plus difficilement, vu l'affluence, dans une des auberges du bourg. Nous aurons la chance de trouver une table pour notre petit groupe dans une salle bondée, où nous goûterons la spécialité locale: les Siedwürste, saucisses blanches cuites à l'eau et servies avec le traditionnel rösti.


Gasthaus Zum Engel

Après le repas, nous visitons le musée local (le bâtiment à droite sur cette photo) où nous pouvons voir plusieurs costumes de Kläuse, dont certains fort anciens, ainsi que nombre de très beaux objets et meubles du pays d'Appenzell. Une visite qui en vaut vraiment la peine.

De retour à Appenzell pour un moment, nous pouvons profiter d'une vue splendide sur le Säntis depuis la place où se trouve la brasserie Appenzell, qui produit une excellente bière légère.

En fin d'après-midi, nous retournons à la recherche d'autres Kläuse, à Waldstadt cette fois, le bourg voisin d'Urnäsch. 

Les chants doucement modulés de ces groupes dans la nuit qui vient créent une réelle émotion.

La journée de samedi se terminera avec le départ de ce petit cortège improvisé de Schönis tout illuminés vers la salle communale où, enfin au chaud et après avoir posé les lourdes coiffes et les harnais de grelots et de toupins, les Kläuse pourront faire une fête bien méritée parmi leurs amis.

Une dernière nuit à Appenzell après un bon repas, et c'est déjà le dimanche matin et le long retour vers Genève. Pour casser un peu le ruban de kilomètres, nous ferons halte au-dessus de Winterthur au "Römerholz", la grande maison que se fit construire Oskar Reinhart, un riche négociant de Winterthur. Grand collectionneur, il y accumula quelques véritables chef-d'oeuvre comme une paire de portraits par Lucas Cranach, des Daumier, des Manet ou encore cet étonnant dessin de Vincent Van Gogh. Il fit don de toute sa collection et de sa maison à la Confédération, qui l'a transformée en un très beau musée dont elle assure l'entretien. Une dernière belle découverte avant de reprendre l'autoroute vers Genève.

Le Römerholz

Oskar Reinhart au milieu de ses trésors.


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